Devenir chanteuse professionnelle, c'est possible ! Je suis aujourd’hui avec la chanteuse Oz’, qui sort son premier titre le 13 septembre 2013 et qui parle d’un sujet qui nous tient à cœur : « le changement de vie ! ». Il paraît que ce titre est autobiographique...

Alors, Oz’, qui était Oz’ avant de devenir Oz’ ?

Avant j’étais simplement Nathalie ! Depuis que je suis toute petite, j’avais un grand rêve : faire de la musique et chanter. Je sais depuis très longtemps au fond de moi que mon avenir c’était la musique. Mais j’entendais souvent dire : « ce n’est pas un vrai métier! ». Je suis originaire de la Martinique et on me le disait d’autant plus là-bas que le marché est petit !

Suite à tout ça, je me suis moi-même bridée et je me suis posé des barrières, j’ai donc entrepris des études de musicologie, passé mon CAPES et je suis devenue professeur de musique dans l’Éducation Nationale afin d’avoir une situation stable.

Mais je dois dire que je ne me sentais pas vraiment à ma place, l’artiste qui était en moi étouffait. Le métier sous cette forme-là ne me convenait vraiment pas !

Tu as donc décidé de changer et aujourd’hui tu es artiste à plein temps !

J’ai décidé de tout changer, c’est vrai, mais je ne vis pas encore en tant qu’artiste ! J’ai fait une demande de disponibilité qui dure depuis 3 ou 4 ans pour me libérer de l’Éducation Nationale, mais j’enseigne toujours la musique en cours privés. C’est de là que aujourd’hui je tire mon principal revenu. En plus de l’apport financier, cela me permet d’avoir plus de liberté, plus de flexibilité dans les horaires, de meilleures conditions d’enseignement car les élèves sont motivés, et du coup plus de temps et plus d’énergie pour me concentrer sur mon propre projet !

Très astucieux ! Comment tu t’y es pris pour avoir une clientèle intéressante ?

Je n’ai eu aucuns soucis pour trouver les tous premiers clients qui sont venus par le bouche-à-oreille. Ensuite, ça a été plus difficile et je me suis donnée à fond ! J’ai distribué des tracts aux alentours d’écoles dans les quartiers aisés, puis ce qui a vraiment bien marché, ce sont les petites annonces sur le web ! J’ai eu très peur de ne pas y arriver, mais je sentais au fond de moi que c’était ce qu’il fallait que je fasse. Finalement, en 2 mois, j’ai réussi à me constituer une bonne clientèle.

Toutes mes félicitations ! Et je suppose que cette réussite est due à toutes tes actions, pas forcément au milieu de la musique, et que n’importe qui peut aussi y arriver quel que soit son domaine d’expertise !

Oui j’en suis convaincue, la formation est un excellent moyen pour travailler à côté sur un projet plus personnel ! Pour la suite, je dois régler quelques détails administratifs, mais je déborde d’idées : j’aimerais travailler avec des entreprises, des CE, des associations, etc…

Quel a été le déclic ? Qu’est-ce qui t’a poussée à arrêter ton travail pour aller au-devant de ton rêve ?

La souffrance, tout simplement…. La musique n’est pas une matière facile à enseigner, surtout en collège, et encore pire en tant que titulaire remplaçante : je ne pouvais pas m’investir sur des projets à long-terme. Les élèves sont difficiles, et dans certains établissements, la matière n’était pas du tout valorisée. Je me demandais à quoi cela servait d’avoir fait autant d’études pour en arriver là. La dernière année, j’ai fini en burn-out avec plusieurs arrêts maladies. Je sortais du collège en pleurant et je me disais : « mais ce n’est pas ça le travail, ce n’est pas possible ! »

Peux-tu nous parler un peu plus de ce burn-out ?

Lors d’un burn-out, on n’a plus d’énergie pour rien. Je n’arrivais même plus à aller faire des courses. Je rentrais du collège, je me couchais pour dormir, je me relevais pour manger et préparer mes cours du lendemain, puis je me recouchais. Impossible de construire une vie dans ces conditions.

Malheureusement, le burn-out est un mal devenu trop commun… Qu’as-tu envie de dire aux gens qui souffrent à cause du travail mais qui refusent de le voir ?

On ne peut pas se voiler la face ad vitam aeternam, même si cela peut durer très longtemps. A un moment donné, il faut se positionner et prendre les décisions adéquate, se lancer dans un plan d’actions. Lors d’un burn-out, c’est le corps qui parle: il envoie des signaux et il faut absolument être à l’écoute de ça. [ndlr : pour en savoir plus sur le burn-out, voir cet article que j’ai rédigé par ailleurs : burn out, physiologie et test de détection !

Quelles ont été les réactions de ton entourage lorsque tu as annoncé que tu changeais de vie ?

Beaucoup d’incompréhension. Dans ce genre de moment, on renvoie les gens vers leurs propres peurs, leurs propres frustrations, leur propre questionnement sur leurs propres choix de vie. C’est à ce moment-là qu’il faut être super fort (alors qu’on est déjà mal) car il faut affronter les peurs des autres en plus de ses propres peurs. La transition est très dure psychologiquement. J’avais le sentiment de passer pour une instable ou une faible.

Et qu’en penses-tu avec le recul ?

Avec le recul, on sait que c’est tout l’inverse ! Maintenant, les gens voient ça comme du courage, mais pour moi c’était plus un élan de survie. Je sentais que je mourrais : j’étais physiquement vivante, mais j’étais mort-vivante…

Ce que tu dis résonne sincèrement en moi, j’ai l’impression d’entendre ce que j’écris sur mon premier blog depuis plus d’un an ! Et comment te sens-tu aujourd’hui ?

C’est sûr que ça va beaucoup mieux, même si tout est encore à faire. Il n’y a plus cette souffrance, je me sens utile dans mon enseignement, j’exprime ma créativité en tant qu’artiste et en tant qu’enseignante, je n’ai plus de cadre qui m’étouffe. Je me sens beaucoup mieux, beaucoup plus heureuse. J’ai toujours des peurs car je vis au jour le jour (si je ne travaille pas je ne gagne pas d’argent), je suis constamment en zone d’inconfort, je dois faire des sacrifices, mais je progresse et je vis tout ça comme un moteur. Et encore une fois, je sais que le choix était bon car la souffrance a disparu !

Peux-tu nous parler de ton projet en tant qu’artiste ?

Je suis venue en région Parisienne suivre une formation à l’Académie des Arts Urbains pour me perfectionner en tant que chanteuse “musiques actuelles”. On ne devient pas artiste : on l’est ou on ne l’est pas, et je sais que je le suis depuis toujours. Aujourd’hui, j’ai juste envie de pouvoir vivre de ce pourquoi je pense être faite. Je ressens des émotions tellement fortes sur scène : c’est vraiment là qu’est ma place!

A ce jour, je n’ai pas encore de producteur, pas beaucoup d’argent, donc je me débrouille avec les moyens du bord, mais j’avance. Je sors mon premier titre, intitulé "Hey!", sur les plateformes de téléchargement légal (Itunes, Amazon, Virgin, Deezer….etc) le 13 septembre 2013 et il commence à tourner sur quelques radios en Martinique. (cf. l'Or des îles)

Mon rêve est de sortir un album complet et je travaille en ce sens. On va voir ce que donne ce premier titre. Mais que ça marche ou pas, quoi qu’il arrive, je n’aurai pas de regrets. Ma plus grande peur était de ne pas avoir tenté et de me dire « et si, et si »…

Encore toutes mes félicitations pour ce premier titre et cette volonté d’aller de l’avant. Tu exprimes des doutes, mais pourtant, je ressens une grande confiance….

Je n’en suis qu’au démarrage. Tout ce que j’ai fait, c’est parce qu’au fond j’ai écouté mon cœur. Je pense qu’on ne s’écoute pas assez, mais on a toujours les réponses au fond de nous. J’ai eu beaucoup de mal à terminer le titre, mais maintenant, les portes s’ouvrent : concerts, radios, et puis cette interview !

Il faut absolument faire les premiers pas, prendre la décision, passer à l’action, avoir la foi et laisser faire, les opportunités arrivent ! C’est vrai que c’est angoissant, parfois ! Aujourd’hui je te parle, je ne sais pas si ça va marcher ou non, mais j’y crois et c’est vrai, j’ai confiance. Je sème au maximum on verra ce que je récolte !

Enfin, j’ai confiance car je pense que la nature est bien faite : chaque personne sur terre a des dons, des talents ou aptitudes et, si elles ont ces dons, c’est pour les mettre au service de la société ou d’une cause précise. Tant que ces personnes ne font pas fructifier leur talent, elles ne seront pas complètement épanouies. De mon côté, je me sens complètement à ma place, sur la bonne route, donc je ne peux qu’avoir confiance car cela ne peut pas se passer autrement !

Cette confiance et cet enthousiasme sont fascinants, et c’est vrai que malgré les prises de risques, c’est un sentiment que je retrouve chez tous les reconvertis que je rencontre. Cette énergie me fait vibrer et j’espère que nous arriverons à la transmettre aux lecteurs ! Peux-tu nous parler un peu de ton premier titre ?

Ce titre est né dans mon école de chant en classe de composition. J’ai composé la musique, le texte a été fait par un camarade auteur : il a compris parfaitement ce que j’ai vécu, il a trouvé les mots justes et a su écrire un texte parfaitement adapté à ma situation. Je pense que lui aussi avait vécu ce genre de changement.

Cette chanson porte le message principal suivant : « Ose devenir qui tu es ! ». Elle aborde le sujet du changement de vie : le constat, la prise de décision, le passage à l’action, la foi, sachant que les résultats n’arrivent pas toujours de la façon dont on les avait imaginés mais sous une autre forme, cela demande un véritable lâcher-prise...

La France est un pays qui a très peur. Je profite de la musique pour divertir, certes, mais aussi et surtout pour faire passer des messages ! J’ai rencontré tellement de personnes pas épanouies, perdues, car elles sont à l’opposé de la place où elles devraient être, ce qui génère chez elles de la souffrance.

Le message que je veux donc faire passer c’est : « agis, agis, et agis pour aller au bout de ta démarche et ne rien regretter ! »

Je pense fortement que si chacun était à sa place, le monde serait beaucoup plus harmonieux, car on ne renverrait pas sur les autres sa propre souffrance ou sa propre frustration.

Alors, allez-y, foncez !

Merci Oz’ pour ce très beau témoignage ! On écoute ton titre et tous les commentaires sur ce beau parcours ou sur la chanson sont les bienvenus !

Charly