Vous aussi, vous avez laissé de côté un rêve parce qu’il vous paraissait inaccessible ? Imaginez un instant que vous ayez osé croire en votre rêve, qu’est-ce qui serait différent pour vous aujourd’hui ? La vie peut être vécue comme une succession d’évènements prévisibles et sécurisés interrompus par des aléas à gérer. Ou bien elle peut être vécue comme une véritable aventure dans laquelle on se lance avec passion ! Aujourd’hui, j’ai le plaisir de donner la parole à Rémi Camus qui nous raconte comment il a décidé de changer de métier pour devenir aventurier explorateur… Si si, c’est son métier !
Oser rêver avant d’y croire
Avant de croire en ses rêves, encore faut-il en faire ! Or, la machine à rêves est alimentée par la vie réelle et les histoires que l'on se raconte. Peux-tu nous raconter comment tu en es venu à rêver de devenir aventurier explorateur ?
Je crois que c'est Mike Horn qui disait « on ne devient pas aventurier explorateur, on naît aventurier explorateur ». Et avec le recul, je me souviens que quand j’étais gamin, j’allais souvent dans les forêts, construire des cabanes, faire des feux,… et ça a forgé mon caractère sur l'envie d'être libre, de vivre dehors, de passer du temps avec les gens,…
Mais forcément, je me suis fait attraper par d’autres choses… Entre autre par l’odeur du beurre chaud mélangé avec de petits oignons comme le faisait ma maman… A 16 ans, je me suis donc lancé dans la restauration. J’ai travaillé énormément. Et puis je me suis dit que ce serait bien d’apprendre l’anglais, alors je suis parti en Angleterre, puis en Nouvelle-Zélande, puis en Pologne, puis en Australie, puis en Asie du Sud Est. Et puis je suis rentré en France et j’ai repris un poste dans un restaurant une étoile à Genève.
Et durant l’été qui a suivi, en vacances avec ma mère en Bretagne, je suis tombé sur un livre : « Au cœur des Amériques » écrit par Jamel Balhi, un aventurier qui a couru 24 000km, de l’Alaska à Tierra del Fuego. Je l’ai lu dans la nuit qui a suivi. Et ça a été un déclic ! Moi aussi je voulais faire des rencontres, partager des moments de vie avec des gens du bout du monde, et j’allais y aller en courant !!
Beaucoup de mes clients ont des rêves, parfois bien cachés, qu'ils n'osent regarder comme de potentielles réalités. Les rêves paraissent souvent inatteignables et se heurtent généralement au regard critique de notre entourage en plus du nôtre. Difficile dans ce cas de s'autoriser à les transformer en projet concret ! Je crois d'ailleurs savoir que ton entourage n'a pas du tout cru à ton rêve, peux-tu nous en dire plus sur la manière dont s'est passée cette transformation du rêve en projet ?
C’est vrai que beaucoup de personnes s’arrêtent au rêve à cause du regard des autres et des critiques qui peuvent faire mal quand on essaie de faire quelque chose de différent des autres. Et la critique est toujours facile quand on reste le cul dans son canapé !
Pour moi, ça a été une étape vraiment particulière parce que je n’ai pas eu de soutien de la part de mes parents. Ils ne croyaient pas en ce que j’essayais de faire et ils avaient surtout très peur. Imaginer leur fils traverser l’Australie en courant, c’était compliqué ! Mais, moi ça m’a donné une motivation supplémentaire, celle de rendre mes parents fiers de moi. Et puis, je voulais aussi montrer que Rémi Camus n’était pas qu’une personne qui portait des assiettes dans un restaurant, et que je pouvais faire bien plus que ça.
Ça m’a donné une force incroyable pour monter mon premier projet qui consistait à traverser l’Australie, de Melbourne à Darwin en courant, 5400km avec ma petite remorque. J'ai mis huit mois pour tout préparer : entraînement physique, mental, recherche de partenaires, … Et comme, ce qui me passionnait était surtout de rencontrer des gens, j’en ai profité pour visiter deux communautés aborigènes. J’ai passé 25 jours avec eux pour apprendre leur culture, leur mode de vie, leur habitat, leur histoire, la problématique qui peut y avoir avec les blancs et les aborigènes.
Et cette première aventure a été un électrochoc. J’ai vibré comme jamais, je me disais « mais en fait, je suis fait pour ça ! »... Alors, j’ai voulu continuer, mais je voulais entrer dans une démarche encore plus écologique et écoresponsable, en particulier sur la préservation de notre planète et notamment de l'eau.
Croire en ses rêves ne signifie pas oublier la réalité !
Une des objections principales qu'entende les gens qui osent croire à leurs rêves est "les rêves ne remplissent pas le frigo !" Visiblement, ton frigo est suffisamment rempli, peux-tu nous dire comment tu t'y es pris pour dépasser l'obstacle financier ?
Effectivement les rêves ne remplissent pas le frigo. Et j'ai mis des années avant d'y arriver.
Au début, je travaillais la nuit, et la journée, je m'entraînais, je préparais. Je restais concentré sur mon but. Je n’avais pas de petite ami, je ne faisais plus de soirées avec les amis. J’étais uniquement focus sur mon projet. Je ne voulais pas revenir dans la restauration et je voulais devenir aventuriers explorateurs.
Alors, j’ai dessiné ma pyramide : au sommet « aventurier explorateur » et en dessous les étapes pour y arriver. Pour franchir les étapes, j’ai mis en place plein de choses différentes, pas à pas : faire des conférences dans les écoles et dans les entreprises, faire un livre, une série sur youtube, un film,... Je suis aussi formateur en survie où j'emmène des gens en milieu hostile pour leur apprendre la vie en pleine nature. Je travaille sur la France et sur l’étranger. (Détails à retrouver sur remicamusexplorer.fr)
J'essaye à chaque fois de me réinventer sans rester sur mes acquis, d’aller vers ce qui est difficile pour avoir la satisfaction de m’être donné à fond. Et puis, je sais que mon business model peut se casser la gueule, je préfère avoir un peu d’avance sur l’échiquier que d’être un pion en retard. Par exemple, en ce moment, je regarde comment faire du live H24 sur Twitch pour mon tour du lac Leman à la nage. Aussi, j’aime bien l’idée d’être le premier à faire quelque chose parce que, même si ça signifie se prendre des portes dans la tronche, ça nous fait grandir et on se souvient toujours de la première personne qui a fait quelque chose !
Ce que j'aime dans ton histoire, c'est que tu sembles prendre beaucoup de plaisir dans chaque phase de tes aventures, et pas seulement dans la partie "rêve". Peux-tu nous expliquer à quoi ressemble ta vie de façon concrète ?
Eh bien, après avoir rêvé d’aventure, il faut la transformer en projet pour pouvoir la vivre. Et en fait, un projet, ça s’organise toujours de la même façon, en 3 phases :
1) On prépare
Dans la préparation, l’étape la plus importante, c’est la réalisation du dossier de présentation. C’est là que je commence à me plonger dans mon aventure, à l’imaginer en détail - à tel point que lorsque je la réalise, j’ai comme une impression de déjà vu ! Ce dossier il me sert pour moi, et il me sert aussi pour démarcher mes partenaires.
Au quotidien, si je te raconte mes journées types en phase de préparation, je fais du stretching, du yoga et des méditations. Je m’entraîne le matin et je bosse sur mes projets l’après-midi.
Cette phase de préparation est cruciale. Il faut être capable de s'entourer des bonnes personnes, avoir des notions sur plein de choses différentes pour prendre des décisions optimales sans tout connaître non plus. C’est un vrai défi, tout doit être le plus parfait possible, on doit faire un maximum de bruit pour toucher les marques et qu’elles se disent « ok, ce gars, il a un projet qui me plaît et en plus il est bankable ! ». Des fois, tu te prends de grosses claques dans la tronche, des fois tu as de bonnes surprises.
2) On réalise
Je crois que c'est la partie la plus simple parce que c'est quelque chose que je maîtrise forcément. J’y vis pleinement, je rencontre des tas de gens, on partage, on rigole, c’est un vrai plaisir !
Et puis c’est le moment où je savoure, je ressens la satisfaction d’avoir monté le projet, la gratitude pour tous ceux qui m’ont aidé. Je me souviens à la fin de mon tour de France à la nage, j’en pleurais. Je pensais aussi à tous ceux qui m’avaient dit « non, ce n’est pas possible. » et je me disais « en fait j’y suis, je l’ai fait et, si, je suis sur la bonne voie, si, ça a du sens et je vais continuer ! »
3) On restitue
Et puis enfin, je fais le bilan. Je regarde ce qui a fonctionné, ce qui a merdé. Je cherche comment je peux m’améliorer pour la fois d’après.
Vivre sa vie comme une aventure, c’est aussi sortir du rêve
Quand tu parles de tes aventures, ce qui fait rêver les gens a priori, je remarque que tu n'enjolives pas les choses, tu parles autant de ce qui relève effectivement du rêve que de ce qui relève du cauchemar. Tu utilises d'ailleurs une métaphore qui parle de tes aventures comme d'un reflet de la vie elle-même. Et je trouve le parallèle intéressant pour ceux qui réfléchissent à se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle et qui ont peur du risque que cela comporte. Peux-tu nous raconter le lien que tu fais entre vivre l'aventure de la vie et descendre une rivière ?
Oui j'essaie de raconter mes aventures sans romancer. Ce n’est pas parfait. Il y a du beau et du pas beau. Quand tu te fais arrêter pour « tracasseries administratives » (traduire « trafic d'armes et espionnage »), quand on te sort de l'eau à la kalachnikov, … c’est ça l’aventure, le piquant aussi en fait partie ! Tout dépend ensuite du regard qu’on porte dessus.
Moi je compare l’aventure à une descente de rivière. Quand tu es dans la rivière, tu es en train de naviguer et tu n’es pas en train d'imaginer ce qui va se passer dans 10 km. Tu es là, maintenant, et tu te concentres sur ce que tu fais parce que dans 1m, bam, il y a un trou et si tu ne fais pas gaffe, tu tombes dedans. Bien sûr, tu as une idée du point où tu souhaites arriver dans 10km et tu gardes aussi un œil sur ce qui se passe dans ton champ de vision, à horizon 100m, pour te positionner le mieux possible par rapport aux rochers qui arrivent. Mais sans lâcher le contact avec ce qui se passe sous toi. Et puis, une rivière, tu ne pourrais pas la descendre si elle était agitée sur toute la longueur, tu ne tiendrais pas la distance. Tu choisis une rivière avec des zones rapides et des zones calmes. Et enfin, tu as beau être concentré et anticiper ce qui arrive, il arrive que la descente de la chute d’eau se passe mal. Dans ce cas, tu ne réfléchis pas 2h à ce que tu aurais dû faire, tu te débrouilles pour te remettre en route et avancer, tu en tires des enseignements plus tard, pour la prochaine descente.
La vie c'est pareil, ça ne sert à rien de se projeter dans 20 ans, c’est là maintenant qu’il faut être présent, tout en regardant à quelques mois ce qui arrive pour s’y préparer tranquillement. Et si tu ne trouves pas un équilibre, tu t’épuises ou tu t’ennuies.
C’est cet état de flow que je cherche dans mes aventures. Et c’est souvent quand je suis dans une merde pas possible que je kiffe le plus, que je me sens vivant et en accord avec moi-même !
Pour mon tour de France à la nage par exemple, j’ai nagé 2650km pendant 3 mois et demi. Et bien, je me mettais à l’eau et je me concentrais uniquement sur mon étape de la journée. Je ne visualisais pas l’arrivée à Monaco. Je visualisais la fin de l'étape et je vivais le moment présent : je me concentrais sur l'eau qui me touchait les avant-bras, les bulles sur mon visage, l’eau salée qui rentrait dans ma bouche, le bleu de l’océan, …
Enfin, croire en ses rêves, c'est aussi apprendre à les abandonner un temps pour mieux les réaliser plus tard. C'est une compétence primordiale à développer pour ceux qui se lancent dans un changement professionnel. Et à ce sujet, tu as une histoire d'alpinisme qui en dit long il me semble...
Effectivement, des fois, il faut être capable d'abandonner un rêve. Non pas parce que il n'est pas bien, mais parce que il n'est pas raisonnable, ou parce qu’il n’est pas bon là, maintenant.
Pour moi, l’illustration parfaite, ce sont les explorateurs polaires, des explorateurs haute montagne qui vont faire des sommets, et qui doivent être capables de se dire à un moment donné, j’abandonne. Ce sont des gens qui font une préparation de ouf. Ils ont tracé le parcours dans ses moindres détails, ils se sont préparés physiquement et mentalement, ils ont investi de l’argent, ils ont embarqué des sponsors. Ça leur a pris des années ! Tout le monde les attend au sommet.
Ils sont à 100m du but mais là, on leur annonce que la météo n’est pas bonne et qu’il va falloir redescendre. Ils sont fatigués, ils ont du mal à respirer. Mais il leur faut prendre une décision. La décision de renoncer à un projet dans lequel ils ont mis toutes leurs tripes, mais un projet qui peut les tuer s’ils refusent d’abandonner. Et pour moi, c’est ça être un vrai aventurier explorateur, c’est savoir s’arrêter. Et revenir plus tard !
Parce que l’important, c’est ce qu’on va faire de cette expérience inachevée. Qu’est-ce que j’en tire ? Quels bénéfices est-ce que j’en garde ? Qu’est-ce qui était bien ? Qu’est-ce que je vais modifier au prochain coup ?
Pour conclure, quel message voudrais-tu adresser à nos lecteurs qui n'osent pas encore croire en leurs rêves ?
J’aurais deux messages importants :
- Respectez-vous. Respectez vos envies, ce que vous avez au fond de vous, vos rêves !
- Oser, c’est gagné ! La pire réponse qu’on peut vous apporter si vous proposez quelque chose à quelqu’un, c’est : « non, cela ne nous intéresse pas. » Si vous l’acceptez, vous ne pouvez que gagner. Vous avez parlé de votre projet, c’est le plus important. Vous êtes identifié sur votre projet, c’est ça qui va susciter de l’intérêt pour d’autres et mener à votre succès.
Donc écoutez-vous, écoutez vos rêves et osez tenter l’expérience !
Merci beaucoup Rémi pour ce témoignage vibrant de passion !
Amis lecteurs, j’espère que cet article vous aura donné envie de donner une chance à vos rêves, de les laisser percer le mur de votre conscience pour les considérer avec sérieux. Si vous avez envie de suivre Rémi dans ses aventures, c’est par ici. Quant à moi, je serai heureuse de vous accompagner dans toutes les phases de vos projets professionnels, de la préparation à la restitution en passant par la réalisation ! Il suffit de me contacter via le formulaire en bas de page.
Au plaisir de partir en exploration avec vous,
Annabelle pour Cap Cohérence