Pourquoi un nouvel article sur le Burn Out?
Le sujet a été déjà bien traité ici (comprendre et surmonter le Burn Out) et là (Burn Out: pourquoi on plonge ? Comment on s'en sort ?)
Parce que je vous propose une nouvelle piste de réflexion, celle du lien entre Burn Out et Perception du Temps !
Débordé, surchargé, jamais assez de temps, dépassé, pas le temps, toujours pressé, épuisé, fatigué ? Vous vous demandez comment mieux gérer votre temps ?
Bref, vous avez un problème de temps! Et mal gérer son temps, se faire dévorer ce temps si précieux, c’est risquer l’épuisement : le Burn Out !
Afin d'apporter un éclairage nouveau sur la relation qui existe entre notre expérience contemporaine du temps, notre rapport à celui-ci et ses conséquences nuisibles telles que la pression, le stress négatif et le Burn Out, je vous propose une réflexion doublée d’une approche proactive face à ce phénomène dont l’ampleur inquiète depuis les deux, trois dernières décennies, en France et en Europe.
Voilà pourquoi les Institutions Européennes se sont finalement mobilisées (bonne nouvelle!) et ont classées ce nouveau fléau de l’ultra modernité dans la notion plus large de «risques psychosociaux– RPS». A tel point que la Commission Européenne* a inséré cette préoccupation dans ses prérogatives politiques et socioéconomiques, en soutenant des projets visant à appréhender les différentes manifestations du problème, ses causes et ses effets.
Mais dans l’attente de solutions institutionnelles*, que pouvons-nous faire individuellement pour mieux comprendre et nous prémunir de ce mal du temps qui peut affliger tout un chacun?
Les pistes de réflexion suivantes sont destinées à permettre de prévenir et de mieux faire face à cette douloureuse expérience personnelle et professionnelle.
(*DG Emploi, Affaires Sociales et Egalité des chances de la Commission Européenne)
1. PERCEPTION DU TEMPS, PRESSION, STRESS ET BURNOUT !
Quelle lien existe-t-il entre le temps, la pression, le stress, et le Burn Out?
Généralement le Burn Out s’annonce! Doucement ou en grande pompe, il fait son entrée dans nos vies en « s’introduisant ». Seulement voilà, on le sous-estime. Souvent on l’ignore!
Dans un monde du travail qui chancelle, dans une société en perte de sens, de valeurs individuelles et collectives, dans un environnement de défiance où l’incertitude et l’instabilité règnent en maîtresses absolues, le Burn Out est une conséquence de notre vécu et de notre vision altérée du temps qui s’exprime à travers des symptômes psychiques et physiques.
Pour répondre aux impératifs de développement, de profit, de rentabilité ambiants et à la complexité accrue des situations quotidiennes, on s’impose une forte pression, récurrente pendant une durée trop longue pour le maintien de l’équilibre interne. Cette pression excessive, sous-évaluée, est le prélude au mauvais stress, la porte ouverte au Burn Out.
Le processus suit une logique temporelle séquentielle négative croissante: pression, stress, puis Burn Out. Trop de pression cumulée en temps et en quantité exagérée (plus que ne peut raisonnablement en supporter une personne) engendre un état de stress négatif qui, ignoré, génère le Burn Out, l’épuisement dont les conséquences sont désastreuses au niveau individuel et collectif.
Les causes de cette pression sont multiples et relèvent de :
* causes individuelles: toujours pressés, coincés dans l’urgence, le temps s’accélère et engendre une «mauvaise» gestion des espaces professionnels et personnels, des priorités mal gérées, du temps à « tuer » pour certains (personnes en recherche d’emploi, retraités, etc.), du surmenage dû à une mauvaise attribution des tâches professionnelles dans un laps de temps trop court pour être correctement réalisées ou des conflits relationnels pour d’autres, une tendance au perfectionnisme, une persévérance inadéquate face à des situations problématiques, une méconnaissance ou non-respect de ses propres valeurs, des injonctions et des croyances liées à l’éducation et au vécu.
* causes organisationnelles: un management toxique, des conflits relationnels professionnels (entre collègues, supérieurs, fournisseurs, clients), une mauvaise gestion des Ressources Humaines, la pratique du management de l’urgence, du court terme et du résultat à tout prix au détriment de l’Humain, la contrainte imposée par les entreprises d’accéder à un « idéal » de performance inatteignable.
La pression individuelle ainsi accumulée est génératrice de stress chronique. L’épuisement émotionnel et physique n’est plus très loin: le si fatal Burn Out !
Alors comment en arrive-t-on à ce stade d’épuisement extrême sans réagir au préalable? Pourquoi n’écoute-t-on pas les signaux précurseurs tels que la grande fatigue ressentie, l’incapacité d’effectuer normalement les propres activités quotidiennes, la baisse d’estime de soi, la démotivation ou l’anxiété?
Voici quelques pistes de réflexion pour comprendre le mécanisme un peu pervers qui se met en place à notre insu, afin de se donner l’occasion d’adopter un point de vue différent, en connaissance de cause, libre de choisir ce qui est bon pour soi:
2. QUESTION DE TEMPS: PERCEPTION, GESTION, MANQUE
La pression, l’urgence, le besoin (dépendance ?) d’être toujours connectés et branchés sont devenus la norme dans une société qui prône la rapidité, la rentabilité et la performance comme valeurs étendards de l’ultra modernité. Pressés, super dynamiques, efficaces et toujours en forme, sur tous les fronts et à tout moment, nous subissons les nouveaux dictats qui gouvernent nos vies aujourd’hui (famille, travail, couple, loisir y compris le bien-être !)
On consomme du Temps comme on consomme des produits finis, avec voracité, engloutissant, jour après jour, tâches, responsabilités, préoccupations, devoirs, relations, loisirs et plaisirs afin de correspondre à ce que « l’on attend de nous », au travail, en famille, en société.
On ne s’autorise plus à récupérer : pas le temps ! Notre perception du temps s’est considérablement accélérée, amplifiée en importance tout en se rétrécissant. Entre l’impératif économique de productivité et l’exigence de rapidité accrue par les nouvelles technologies, nous nous imposons une forte pression pour dompter ce temps qui nous préoccupe et nous échappe toujours plus, en oubliant que 24h ne sont pas élastiques et ne se dilatent pas sous la pression que nous tentons d’exercer sur elles.
On ne s’autorise pas à perte une seconde de ce temps si précieux: on doit l’optimiser!
Comment s’en sortir ?
4 questions importantes à se poser :
- Quelles sont les situations dans lesquelles je manque de temps ? (faire un diagnostic de la/les situation(s) identifiée(s))
- Quelle est la source de mon manque de temps ? (relations énergétivores ? manque d’organisation, présomption de pouvoir tout faire… ?)
- Comment puis-je gérer, organiser, synchroniser différemment le temps que j’ai à disposition?
- Que puis-je reporter ? Déléguer ? Abandonner ?
Revoir notre approche du temps, prendre le temps de souffler, de se distancier et de se recentrer pour se ressourcer est essentiel afin d’éviter d’enclencher le cercle vicieux du manque de temps ressenti et la pression qui en découle.
3. L’INJONCTION!
Que nous dit-elle, cette petite voix intérieure, telle une voix off de film qui susurre à l’oreille « dépêche-toi, ne perd pas ton temps, fais cela, ne fais pas ça, tu dois le faire, va plus vite,… ». Ces injonctions sont autant d’obligations et de commandements que nous adressons à nous-même, en permanence, nous infligeant ainsi un stress constant pour atteindre un degré de performance idéal. Ces conditionnements provenant de l’éducation reçue et des croyances héritées ou construites au fil des expériences, qui poussent à se comparer aux autres, à répondre à leurs demandes supposées ou perçues.
Quelle peur cachée nous pousse donc à agir ainsi ? Celle de ne pas être accepté, apprécié, aimer.
Ces injonctions confèrent à notre rapport au temps une tridimensionnalité qui le comprime. Altéré, rétréci, il est vécu avec nervosisme voire avec angoisse :
- 1ère dimension : Le passé happe et retient, conditionnant la capacité d’adaptation à des situations nouvelles car les dictats imposés par l’éducation sont au commande de nos comportements (« sois une bonne mère !», « ne perd pas ton temps », « travaille dur » !)
- 2ème dimension : Le futur dans lequel on se protège continuellement dans l’espoir de le contrôler car le temps a un prix (le fameux « Time is money » ) et on en veux « toujours plus ».
- 3ème dimension : Le présent que l’on consomme, la rapidité étant la norme de référence, empêchant l’approfondissement au profit de la superficialité.
4. L’ADAPTATION
Sans prendre le temps de s’arrêter dans l’instant présent, trop pressé de prévoir l’avenir, pour répondre aux exigences externes et internes, tel un yoyo un peu fou, on alterne des vas et viens incessants entre passé et futur:
- les injonctions contraignantes du passé orientent nos comportements (« je n’en vaux pas la peine », « je suis nul », « soit le plus fort», «sois le meilleur») ,
- les croyances enracinées à travers les expériences vécues conditionnent nos actes et actions (« je dois y arriver sinon je ne vaux rien», « je n’aurai pas ma promotion si je ne fais des heures sup.»),
- les poncifs que l’on s’impose à soi-même nous pressent (« soit une bonne mère », « sois compétent » « n’abandonne pas »).
On tente de s’adapter en s’infligeant des rythmes insoutenables. Nous menons une guerre sans merci au temps considéré et perçu comme improductif.
De plus, on se compare constamment aux autres : en terme d’efficacité, de bien-être et de réussite transmis par les médias, les entreprises, le système économique actuel, la famille. On adapte alors nos modes vies sur ces modèles parfois loin de nos valeurs personnelles, afin de correspondre à l’image schématisée de performance et de succès que l’environnement nous impose. On se met la pression, on n’a pas droit à l’erreur. On se sur-adapte afin d’y arriver à tout prix dans les temps imposés .
Et le temps a un coût dans notre société ultra connectée. Toujours plus branchés, toujours plus en réseau, le devoir de présentialisme est à l’honneur. Pour se sentir en mouvement, maître du temps, tiraillés entre mails, post, sms, like, smiley, portables et autres messageries instantanées de tous noms et en tous genres, on paie le prix de la vitesse de la connectivité : celui de la surenchère.
5. LA CONCILIATION
La multitude de tâches à accomplir requièrent une capacité d’organisation, de gestion du temps et d’efficacité constante. Tel un jongleur excellant dans son art de manier les balles en vol sans en faire tomber une seule au sol, on s’évertue à concilier toutes les activités quotidiennes, les emplois du temps personnels et professionnels surchargés, les obligations et les impératifs d’exceller dans tous les domaines de nos vies, sans exception.
On s’impose une charge démesurée, une pression considérable, pris au piège d’un combat perdu d’avance : faire toujours plus!
Le temps rétrécie au fur et à mesure que nous y mettons trop de choses !Et le malaise apparaît.
Hors pour être en accord avec soi-même, pour être au diapason avec ce que nous sommes, il faut s’interroger sur ce qui se joue en nous dans notre relation au temps, en prendre conscience et mettre en place un changement.
6. LE LACHER-PRISE !
Voilà qui semble bien simple à dire mais comment parvenir à le mettre en pratique ? Qu’est-ce que cela signifie lâcher-Prise ? Par où commence-t-on ?
Lâcher prise ce n’est pas se laisser aller ! Bien au contraire , c’est agir en :
- se détachant volontairement du jugement d’autrui
- arrêtant de se confronter continuellement aux autres
- en s’affirmant davantage : oser prendre des positions claires (les vôtres !) en respectant vos idées, vos besoins, vos désirs, avec douceur et fermeté, au risque de devoir renoncer à quelque chose (une sortie entre amis parce que vous avez davantage besoin de vous reposer) ou de dire non si besoin (ce dossier que votre supérieur hiérarchique vous apporte à 18h45 en vous demandant - encore un fois - de le finir pour le lendemain à 9h)
- en cessant de râler car l’énergie utilisée dans ces litanies négatives alourdie le moral autant que la journée.
Voici, en 14 points, les conditions essentielles du changement nécessaire à mettre en place pour modifier ce mode de fonctionnement délétère pour notre bien-être.
- Identifiez la pression (ses sources, ses causes)
- Soyez à l’écoute des signaux d’alerte, des réactions de votre corps (défendant!): trouble du sommeil, de l’appétit, fatigue, crampes, douleurs articulaires, changement d’humeur… Ne faites pas la sourde oreille! Ecoutez ce corps qui vous alerte que vous le maltraitez. Il vous communique l’état d’incohérence interne dans laquelle vous vous placez en adoptant un comportement inadapté à vos besoins par rapport à la situation vécue. Votre corps vous révèle le conflit qui sévit en vous.
- Détectez les incohérences et interrogez-vous sur vos besoins et désirs et sur l’environnement dans lequel ceux-ci s’expriment.
- Identifiez les surcharges de tâches, d’activités et de responsabilités. Apprenez à identifier le «trop plein» par rapport au temps à disposition.
- Fixez-vous des limites, des attentes personnelles et professionnelles raisonnables et accessibles en fonction de vos capacités.
- Prenez conscience de vos conditionnements internes, croyances et injonctions.
- Affranchissez-vous du perfectionnisme. Autorisez-vous à être imparfait, à dire « non ». A donner une limite à l’autre lorsque nécessaire à la protection de votre équilibre. Evaluer les conséquences de ce « non » souvent bien moins dramatique que ce que l’imagination fertile laisse supposer.
- Libérerez-vous de la culpabilité toxique, celle qui vous porte à douter de tout et de rien et vous pousse à vous retrancher dans des habitudes de comportements de peur de « mal faire ».
- Cessez de vous comparer, de vous évaluer et de vous juger constamment par rapport à des dictats externes.
- Apprenez à mieux utiliser vos ressources personnelles et pour cela un accompagnement en coaching peut s’avérer un excellent moyen pour y parvenir.
- Ecoutez votre intuition, votre ressenti ! Faites confiance en cette intelligence parallèle à votre « logique habituelle ».
- Développez une « souplesse » d’esprit, cette capacité de curiosité et de flexibilité basée sur la compréhension de la situation et l’analyse des faits. Cela vous permettra d’abaisser le niveau de stress et de relativiser même si la situation problématique demeure inchangée.
- Apprenez à déléguer sans vous juger faible ou incapable.
- Passez à l’action !!!!
Et si cela ne suffit pas à vous aider dans un premier temps, ne pas hésiter à …
7. SE FAIRE ACCOMPAGNER !
Dans un environnement anxiogène tel que celui d’aujourd’hui ou l’urgence et l’exigence font loi, se sentir perdre pied, en perte de vitesse, génère un grand désarroi, des sensations contradictoires, entre les « je dois » et les « il faut», difficiles à affronter seul.
Aussi, pour prendre le recul nécessaire, afin d’apprendre à identifier et freiner les automatismes de nos comportements, pour éviter le cercle vicieux des ruminations stériles et des pensées néfastes qui tournent en boucle, si vous sentez que les impératifs de temps sont devenus un poids écrasant pour vous et (par reflet) pour votre entourage, demandez à être accompagné par professionnel du coaching.
Ne restez pas seul face à cette impuissance grandissante que vous ressentez à prendre votre temps de vie en main.
8. VIVONS EN COHERENCE ! Ré-APPROPRIONS-NOUS NOTRE TEMPS!
Cessons de vouloir que le temps s’adapte à nos rythmes de vies frénétiques. Ne cherchons plus à le dompter, à le caser dans nos innombrables activités! Soyons plus flexible, d’abord avec nous-même.
Je vous invite à développer cette agilité mentale qui vous permette d’être curieux face aux situations, de les appréhender différemment, de mettre en question vos points de vue, de les nuancer et ainsi de changer notre regard pour découvrir de nouveaux modes de fonctionnement, de nouveaux comportements, plus adaptés, plus cohérents avec vos besoins véritables.
Soyez à l’écoute attentive de vos sensations en détectant les dissonances que votre cerveau envoie à votre corps sous pression, sous forme de malaise et symptômes variés (trouble de l’humeur, du comportement, anxiété, angoisse, manque de plaisir, de désir et autres réjouissances).
Lorsque vous êtes en situation de stress excessif, prenez le en compte! Des signaux d’alerte vous informent des tensions que vous vous infligées, en porte-à-faux par rapport à vos besoins. Vous enclenchez un processus de sur-adaptation au détriment de votre équilibre interne et externe, desservant ainsi la vie plus harmonieuse qui pourrait être la vôtre.
Composez votre temps à l’imperfection…Faites du temps votre allié bien-être!
Car le temps dédié rien qu’à soi afin de se reconnecter avec ses propres besoins, à ses aspirations, à ses désirs profond est un temps plein qui, paradoxalement, ralenti, se densifie, s’étire.
Lorsque l’on se sent bien dans ce que l’on fait, on est au bon endroit, on est connecté à soi-même, dans le bon tempo !
Bousculons notre idée du temps !
Chaque minute de colère n’est-elle pas 60 secondes de sérénité perdue?
En espérant vous avoir amené avec passion au bout de ce long article, j'aimerais maintenant vous laisser la parole. Si vous êtes en période de stress intense, peut-être à la limite du Burn Out, quelles sont les principales contraintes de temps que vous n'arrivez pas gérer ? Je serai ravie de chercher des réponses et pistes de réflexions avec vous !
Myriam Diougoan Blanch, coach, membre du réseau Cap-Coherence