J’ai eu la chance d’accompagner pendant une semaine des étudiants d’une école de commerce sur ce thème. Leur objectif était de trouver une problématique posée par ce thème, de se projeter dans 30 ans et d’y répondre avec des solutions concrètes et originales.
Ce thème a fait écho avec ma mission d’accompagner des personnes dans le cadre de leur orientation ou réorientation professionnelle, et j’ai donc choisi, à mon tour, de me lancer sur ce sujet.
Qu’est-il ressorti de cette semaine de réflexion sur vivre et travailler ?
100 groupes d’étudiants à plancher sur cette thématique…On pouvait miser sur la diversité. Et pourtant, quelques grands thèmes transversaux sont ressortis.
- L’économie du partage : amplification de ce phénomène qui démarre. Fini le salariat, chacun proposera ses services. Le retour du troc en quelque sorte.
- Des espaces de travail repensés : le coworking puissance 10. Les travailleurs « indépendants » se retrouveront dans des espaces aménagés pour partager leurs savoirs, leurs expertises, échanger, ou un espace dédié chez soi, aménagé avec les nouvelles technologies afin de pouvoir se connecter facilement
- Un enseignement repensé, qui permettra aux étudiants de travailler sur leur projet de vie, et pas uniquement sur leur projet professionnel.
- La place des nouvelles technologies amplifiée, avec l’arrivée de robots,
- La recherche de l’épanouissement afin que vivre et travailler ne soient plus en opposition.
Comment voyez-vous votre travail de demain?
Lors de cette semaine avec les étudiants, nous avons la chance d’assister à des conférences données par des personnes exceptionnelles (Hubert Reeves, Dominique Meda). J’aimerais partager avec vous les propos de Cédric Villani, membre de l’Académie des Sciences sur cette question dilemme.
Selon lui, le travail peut prendre 3 formes :
- Quelque chose que nous sommes obligés de faire et qui peut se transformer en « torture » (origine du mot travail),
- Une activité pour laquelle on donnerait tout (l’art, le fun, l’esprit collectif)
- Un devoir, quelque chose qui serait notre but, comme une mission dont nous serions investis.
Son engagement pour vulgariser ses recherches dans les écoles me laisse pencher pour la 3ème forme qui pourrait être résumée en un mot : le sens. Et c’est ce que viennent chercher de nombreuses personnes sur le chemin de la reconversion.
Et vous, laquelle de ces 3 formes choisiriez-vous pour décrire votre travail de demain ?
Se reconvertir pour donner du sens à ce que nous faisons
Vous avez peut-être croisé sur votre chemin d’étudiants, ou au détour d’une conversation la pyramide de Maslow (psychologue des années 40). Au dernier étage de la pyramide se trouve la réalisation de soi. Trouver du sens, c’est une façon de se réaliser.
Pour pouvoir parvenir à vivre pour travailler, il est important de se connecter à soi, à nos motivations intrinsèques, celles qui sont en nous et qui ne dépendent pas des autres. J’aime beaucoup cette citation de Rabi Nahman « Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu ne pourrais pas t’égarer ».
Pour en savoir plus, découvrez l’article de Vincent "Reconversion Professionnelle : une Quête de Sens !"
Sur quel chemin de reconversion s’engager pour aller vers l’épanouissement ?
Les personnes qui me contactent pour échanger sur une éventuelle reconversion sont à la recherche d’une meilleure qualité de vie, pas uniquement au travail. Cela fait pencher la balance pour « Vivre pour travailler ». « Je ne veux plus juste percevoir un salaire pour subvenir à mes besoins » ; « je veux m’épanouir dans ce que je fais à titre professionnel ». Et c’est selon moi le chemin de la reconversion : repérer les activités dans lesquelles nous nous épanouissons afin de trouver le métier qui propose ces activités. Pas simple dans un contexte économique difficile…J’ai eu en ligne un jeune homme de 16 ans, qui n’avait pas eu son CAP car pas motivé et qui souhaitait se poser les bonnes questions. L’entretien s’est terminé par un échange avec sa mère, qui m’a dit qu’il allait signer à la Poste pour devenir postier. Cela n’avait pas du tout l’air d’enthousiasmer son fils, mais la pression de « gagne ta vie, trouve une place sûre » va probablement l’emporter sur son épanouissement…il est évident que l’aspect financier va entrer en compte au moment de choisir son chemin. Par contre, il faut accepter au début de la réflexion sur la reconversion de le laisser de côté et d’envisager ainsi tous les possibles. Nous pouvons faire confiance à l’hémisphère gauche de notre cerveau pour agir de façon analytique et rationnelle dès que nous le solliciterons. C’est ce que notre système d’éducation nous a très (trop ?) bien appris depuis que nos sommes tout petits !
Se donner l’occasion d’identifier ce qui nous met en énergie pour choisir notre reconversion
Trouver ses moteurs, ce qui nous fait lever le matin, ce qui nous met en énergie est la 1ère étape du chemin. Le SISEM, approche centrée sur le potentiel de chacun, permet d’identifier les sources d’énergie qui nous mettent en mouvement. En identifiant nos principaux moteurs, nous pouvons en déduire le type d’emploi dans lequel nous avons le plus de chances de nous épanouir.
La 2ème étape de cette approche se centre sur les activités qui nous permettent de nourrir nos moteurs. Un métier n’est pas une fin en soi mais plutôt un moyen de satisfaire nos moteurs au travers des activités qu’elle permet de pratiquer. C’est en exerçant ces activités que nous seront alignés, que nous donnerons du sens à nos actions et que nous nous sentirons à notre place. Quelques exemples d’activités : faciliter la vie, communiquer-transmettre, faire du business…
La 3ème étape consiste à relier ces activités et moteurs avec des profils métiers que l’on retrouvera dans certaines filières professionnelles.
Astuce: s’observer pour mieux se connaître. Vous pouvez déjà commencer à faire les premiers pas sur ce chemin en vous regardant vivre et en repérant tout ce qui vous met en énergie. Faites alors pause et noter ce que vous étiez en train de faire. Qu’est ce qui vous plait dans cette activité ? Retrouvez-vous cette activité dans votre métier ? Si ce n’est pas le cas, comment pourriez-vous faire pour « l’ajouter » ? Si ce n’est pas possible dans votre environnement professionnel, serait-ce possible en dehors ? (Association, clubs, loisirs …).
Une fois les métiers identifiés, il vous faudra faire des recherches pour affiner et réduire la liste des métiers possibles.
Pour en savoir plus sur cette démarche, vous pouvez lire cet article "Aider un jeune à trouver sa voie"
Prendre le temps d’identifier les critères de choix de notre prochain métier
Le choix du métier est important, l’environnement dans lequel nous l’exerçons l’est tout autant. Une de mes clientes a pris le temps de sélectionner les secteurs d’activités qui étaient en lien avec ses valeurs (environnement durable, cosmétique Bio, produits issus de la mer, construction raisonnée). Une autre cliente a pris conscience que ce n’était pas tant le métier mais l’ambiance de travail qui lui permettait de s’épanouir : travail en équipe, échanges constructifs entre collègue, vision partagée.
Astuce : établir la liste de mes critères de choix pour mon prochain métier. En voici quelques uns : valeurs de l’entreprise, accès à la formation, possibilité de déplacement (national, international), climat, engagement développement durable, proximité de mon lieu de vie, horaires de travail, possibilité d’évolution… A vous de compléter la liste et d’évaluer chaque métier envisagé.
Voir plus large et construire son projet de vie
Le travail fait partie intégrante de notre vie. Pendant de nombreuses années, il occupe la plus grande partie de nos journées. Le penser à côté de la vie extraprofessionnelle n’est pas juste. C’est notre projet de vie sur lequel nous devons investir pour trouver cet équilibre vie personnelle-vie professionnelle (lire aussi l’article "Equilibre vie pro/vie privée : 5 pistes de réflexion").
Une réflexion sur les thèmes suivants va permettre de dessiner ce projet :
- Dans quel environnement je souhaite vivre,
- Ce que je souhaite faire (professionnellement et extra professionnellement),
- Ce que je vais mettre en œuvre pour faire cela
- Qu’est-ce que cela va m’apporter ?
- En quoi ce projet est en accord avec qui je suis ?
- Quels impacts cela va avoir sur les autres ?
L’accompagnement par une personne extérieure au projet permet la prise de recul, l’accueil. C’est ce qu’un coach peut vous apporter.
Et vous ? Quel projet de vie souhaitez-vous construire ? Envisagez-vous une reconversion ? Rencontrez-vous des difficultés ? Si oui, lesquelles ?