Les articles ne manquent pas sur le sujet que nous allons évoquer ici et qui est Apprendre à dire non. Et pourtant, nous avons beau lire les conseils qui sont prodigués ici et là, nous avons toujours du mal à passer le cap et réussir enfin à dire NON !
Qu’est-ce qui nous empêche aujourd’hui de prononcer ce simple mot de trois lettres ?
Pour quelles raisons préférons-nous accepter une contrainte, plutôt que de penser à nous faire du bien ?
Comment faire pour trouver le courage et la force de surmonter cette difficulté ?
Pour répondre à ces questions, remontons aux origines…
La phase d’opposition commence chez le bébé entre 12 et 18 mois. C’est à ce moment là que les premiers « non » font leur apparition. C’est une phase importante car c’est là qu’il commence à construire son identité et qu’il va devenir de plus en plus autonome. Mais c’est durant cette période aussi qu’il va tester ses parents et se confronter à leurs limites.
Tous les parents le savent bien, cette phase est très pénible, car ils s’aperçoivent que leur bébé ne fait plus volontiers tout ce qu’ils décidaient pour lui, mais qu’il a lui aussi un certain pouvoir sur eux. Leur bout de chou dit non à tout ! Et c’est comme s’il éprouvait un malin plaisir à dire non même s’il pense oui. Lorsqu’il dit non il prend conscience de la force de ce mot et de l’impact que cela provoque chez ses parents.
Alors pourquoi un « non » facile à dire quand on a un an, devient tout à coup difficile à prononcer quand on en a 30 ou plus ?
Pourquoi, alors qu’aujourd’hui que nous sommes des adultes sensés, nous est-il impossible par exemple de dire non à notre supérieur qui nous surcharge d’un énième dossier urgent à terminer pour … la veille ? Pourquoi acceptons-nous d’assister à la réunion qui débute au moment même où nous avons décidé de partir ? Nous pourrions donner des tas d’exemples du même acabit, et je suis persuadée que chacun de nous en a en mémoire…
Les réponses à toutes ces questions sont multiples en fonction des individus. Mais il y a deux réponses principales que l’on retrouve quasiment dans toutes les situations.
La première est que l’on dit oui pour faire plaisir, et par conséquent, le non signifie on va provoquer une peine, un déplaisir, un ennui, un souci, bref, appelons cela comme on veut, mais l’idée est là. Si je dis non, l’autre ne va pas être content ! Et moi, j’aime bien que les gens soient contents de moi !
La deuxième est que dire non cela peut faire peur. Pas le mot en lui-même bien sûr, mais la réaction de l’autre, en face, peut faire peur. Et pourquoi pas ! Il est légitime d’avoir peur d’un fou furieux qui pourrait se mettre à hurler et à vous menacer de vous virer sur le champ si vous dites non à l’un de ses ordres. Bon, avouez-le, ce n’est pas vraiment courant de nos jours de se trouver face à ce genre d’énergumène, quoique…
Bref, cela n’empêche pas que la peur de provoquer une réaction agressive et par conséquent un conflit existe bel et bien. Donc ne prenons pas de risque.
Alors si nous ne changeons pas notre mode de relation aux autres, dire non sera toujours très difficile, et nous coûtera de plus en plus. Nous passerons toujours au second plan, nos envies seront étouffées, et la suite risque de ne pas être bien réjouissante... Je vous laisse imaginer...
En effet, cette incapacité à dire non pour faire plaisir et pour éviter les conflits dit de nous que nous sommes dans une relation infantile à l’autorité. Et cela va même plus loin, elle trahit notre dépendance à nos parents.
Cela n’est pas très agréable à lire, je l’avoue, mais quand on y réfléchit bien, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Face à un chef comment nous comportons-nous ? Qu’est ce que nous projetons sur lui ? Autrement dit, qui voyons-nous en lui ? Chacun pourra ici donner sa réponse…
Et face à ce « chef » qui voulons-nous être ? Eh bien, nous voulons rester cet enfant obéissant que nous avons été jadis. Sauf que nous nous trompons de personne. De même, si nous disons oui, même s’il ne s’agit pas d’un supérieur, mais d’un simple collègue, voire même d’un ami, nous imaginons que nous n’allons pas survivre au conflit que nous allons provoquer. D’où la peur de dire non.
Tout cela cache aussi autre chose, qui n’est pas conscient chez nous et qui est un sentiment de toute-puissance que l’on pourrait traduire par « si je dis oui, je vais montrer que je suis unique, que je suis fort, que je peux assumer, et que l’on ne pourra jamais me remplacer ».
Bien évidemment, tout cela est inconscient et j’entends d’ici certains qui crient au scandale ! « Si je pouvais dire non je le ferais, mais je ne peux pas ! »
Et si vous preniez le risque d’essayer ?
Pour cela voici quelques pistes.
Tout d’abord prenez le temps de réfléchir à la demande qui vous est faite. Accordez-vous un délai durant lequel vous pourrez peser le pour et le contre.
Ensuite, il va falloir vous écouter ! La question à vous poser est la suivante : « est-ce que cela me fait du bien à moi si je dis oui ? » Si la réponse est oui, alors dites oui, si c’est non, alors dites non !
Et enfin, il ne faut pas oublier qui vous avez en face de vous. La personne qui vous demande quelque chose peut très bien entendre un « non » concernant une action qu’elle vous demande de faire. Ce n’est pas un non contre elle, mais contre l’action. Il faut distinguer la personne de l’action.
Et pour terminer, essayez de nuancer votre réponse. Vous pouvez très bien dire « oui mais », ou alors « non mais »…
Alors vous commencez quand ? Vous verrez que dire non vous fera un bien fou ! Et peut-être que cela permettra à l’enfant qui se cache en vous de s’affirmer de plus en plus et de retrouver, pour un temps, le même plaisir de dire non que lorsque vous aviez un an !
J’aimerais que vous me laissiez un petit commentaire pour me dire si cet article vous a permis de dire non !
Vous pouvez aussi me répondre NON !