À l’heure où les savoir-être sont à l’honneur, y compris dans le champ professionnel, on parle d’être vrai, authentique, honnête, entier. Concrètement, comment cela peut-il se traduire au boulot ? Pensez-vous être suffisamment authentique, vous-même ?
Nous aborderons dans cet article les facteurs de motivation, les freins possibles, et quelques clefs pratiques pour devenir plus authentique.
Définition du terme authentique
Le terme « authentique » vient du latin authenticus (lui-même originaire du grec) « qui consiste en un pouvoir, une autorité absolus » d'où « garanti, inattaquable ». En droit, le terme authentique signifie conforme à l’original, qui fait foi, qui fait autorité ; dont la forme, le contenu et l’origine ne peuvent être mis en doute. Pour une personne, être authentique manifeste, au-delà des apparences, l'être le plus vrai, le plus profond, qui reflète la personnalité profonde de l'individu.
Quel lien faites-vous entre les deux champs de cette définition ? Une personne authentique serait-elle inattaquable, quels que soient ses points de vue ? Préférez-vous que votre interlocuteur aille dans votre sens, quitte à ressentir qu’il porte un « masque », ou préférez-vous une personne franche qui vous bouscule dans ses propos ?
Pourquoi vouloir être plus authentique ?
Il y a une dizaine d’années, j’avais « tout pour être heureux », un entourage aimant, un poste de manager au CNES (Centre National d’Études Spatiales), un appartement, je ne manquais de rien et pourtant… Je sentais bien que quelque chose n’allait pas. Je ne me sentais pas épanoui, sans vraiment savoir pourquoi. Je peux dire aujourd’hui que j’avais l’impression de jouer une pièce de théâtre, pour répondre aux injonctions de ma famille et plus largement de la société. Être heureux c’est réussir, et réussir, c’est répondre positivement aux critères de nos récits collectifs : occuper une « bonne situation » et bien gagner sa vie. Heureusement, le monde a évolué depuis, on parle de plus en plus de développement personnel, de bien-être, de savoir-être, d’alignement avec soi-même.
Comme je comprends les personnes qui viennent me voir pour les accompagner à devenir plus authentiques. Elles n’en peuvent plus de faire semblant, d’avoir l’impression d’être une autre personne au travail. Elles ne se reconnaissent plus. Elles en souffrent et se justifient régulièrement par un « je n’ai pas le choix… »
Quelle est la place de l’authenticité dans le monde du travail ?
Au travail, plus qu’ailleurs, il semble communément admis qu’il faille « jouer un rôle ». Dans les grandes entreprises, un salarié occupe avant tout une fonction et on lui attribue un statut (collaborateur, cadre, dirigeant…) Il devrait donc agir d’une certaine façon selon cette fonction et selon ce statut, s’habiller d’une certaine façon, tenir tel ou tel discours. Et la place de l’individu dans tout cela ?
Que se passerait-il si les salariés devenaient plus authentiques ? Quels risques pour l’entreprise, quelles peurs pour les salariés ? Répondre à des codes préétablis est prédictible, ça rassure. Imaginez une entreprise dans laquelle chacun pourrait être et s’exprimer librement, avec ses jugements, ses maladresses, ses critiques. Même les entreprises dites « libérées » sont régies par leurs codes (la bienveillance, la communication non violente, les comités de régulation…) Le collectif devrait faire face aux sautes d’humeur des uns et des autres. Le théâtre tragique (prédictible) deviendrait alors une scène d’improvisation théâtrale ?
Et que se passerait-il si seulement quelques-uns osaient devenir plus authentiques, au risque de déranger par leur décalage vis-à-vis des autres ? Seraient-ils rejetés du groupe, voire licenciés ? Montreraient-ils l’exemple qui pourrait en inspirer d’autres ? Certains aiment jouer un rôle et le font avec brio. Pour d’autres, ne pas être soi peut être vécu comme une dissonance, sonner faux.
Amis indépendants, comment captez-vous votre clientèle, en particulier lorsque le service que vous proposez est vous-même ? J’ai déployé beaucoup d’énergie lors de ma première année à mon compte, mais sans grands résultats. Depuis, j’ai appris, je suis plus serein, plus authentique et ça se ressent puisque de nombreux clients me font confiance. Je reste convaincu que l’authenticité fonctionne. Certes, je ne plais pas à tout le monde, mais ceux qui sont intéressés sont ravis de la qualité de nos échanges, et moi aussi !
Comment devenir plus authentique ?
Il n’y a pas de miracle, la clef pour changer, c’est la volonté. Une volonté réelle et sincère d’évoluer. Tout changement génère de la peur. La peur de l’inconnu, la peur d’échouer, la peur d’être jugé, la peur d’être rejeté, etc.
Pour dépasser ces peurs, commençons par mettre en place un cadre sécurisé. Vous pouvez commencer par identifier chacune de vos peurs en la nommant, avec vos propres mots. Pour chacune, évaluez la gravité (que se passe-t-il si le problème arrive ?) et la probabilité (va-il vraiment arriver ?) Puis vous pouvez imaginer des actions préventives (à mettre en place au plus tôt, pour faire baisser la probabilité) et des actions de secours (à prévoir uniquement si le problème arrive, pour faire baisser sa gravité). Enfin, selon la nature du risque, il peut être pertinent se faire accompagner par un professionnel : un psychologue, un coach, un avocat, un expert-comptable, etc.
Dans ce cadre plus sûr, vous pouvez appliquer la technique des petits pas. Cela consiste à opérer des petits changements dans un contexte qui vous semble le plus facile. Puis, avec le temps, les pas vont s’agrandir et le contexte s’élargir.
Se connaître soi-même
Être authentique, c’est aller vers sa personnalité profonde. Mais qui est-on vraiment ? Celui qu’on a toujours été (alors pourquoi changer) ? Celui qu’on rêve d’être (est-ce l’ego ou le cœur qui motive ce rêve) ? Celui que l’on croit être (self ou faux-self) ? L’opposé de celui que l’on fuit (comment définir l’opposé avec des termes qui nous donnent envie d’aller vers) ? Ou encore celui que l’on devient (car on évolue tous au cours du temps) ?
Plutôt que passer 10 ans en psychanalyse, je vous propose l’exercice tout simple de chercher une liste de valeurs sur internet, de les lire à haute voix et de sentir celles qui résonnent en vous, qui vous touchent au plus profond. S’il en reste trop après ce premier filtre, recommencez autant de fois que nécessaire pour n’en retenir que cinq ou six.
S’assumer pour être authentique
Une fois que l’on sait qui on est, encore faut-il l’assumer. Facile, me direz-vous, pour des qualités communément acceptables : générosité, respect, courage, bienveillance, etc. Mais être authentique passe aussi par accepter nos besoins qui pourraient être contraires à nos objectifs.
Par exemple, je refuse parfois des clients potentiels, parce que je ne les sens pas prêts à changer (comme s’ils attendaient de moi que je fasse à leur place) ce qui est contraire au développement financier de mon activité. Un autre exemple, j’ai accompagné un dirigeant avec un fort besoin de se ressourcer seul. Il s’est mis à s’accorder des temps de retraits au déjeuner, alors qu’il croyait qu’il devait être en permanence disponible pour ses équipes. Au final, la qualité de ses relations pro s’est enrichie.
Pour s’assumer en toute circonstance, je vous propose une astuce. Quand vous sentez que quelque chose ne vous convient pas (boule au ventre, frustration, sentiment d’être pris en piège, etc.) je vous invite à vous posez la question suivante : « en étant honnête avec moi-même, qu’est-ce que je veux vraiment ? » Il ne vous reste plus qu’à mettre les formes pour faire passer le message à votre interlocuteur et savourer cette victoire de vous être respecté.
Conclusion
Quelle personne vous vient à la lecture de ce terme « authentique » ? Quel niveau de bonheur ressentez-vous chez cette personne ? Et si vous deveniez vous-même cette personne ressource pour votre entourage ?
En ce 23 décembre, jour de mon anniversaire, je vous remercie pour votre lecture et j’apprécierais de poursuivre par un échange en commentaires ou de vive voix. Authentique, c’est quoi pour vous ?
Joyeuses fêtes de fin d’année !
Loïc Quintin de Kercadio, coach professionnel