Pour beaucoup de personnes, changer le monde n’est même plus un rêve ou une utopie, mais un signe de folie ou de mégalomanie. Quel dommage !! Comme il serait triste de vivre dans un monde où personne n’aurait envie de se battre pour améliorer les choses, pour porter des messages d’espoir, pour construire une vie meilleure, bref, pour changer le monde !
Heureusement, certains résistent et font fi des critiques pour se consacrer seulement à l’action, mus par leur conviction que le monde pourrait être meilleur. Je les remercie du fond du cœur de conserver cette liberté d’être et d’agir, et je suis heureuse de pouvoir leur offrir une tribune pour diffuser leur message sur le blog de Cap Cohérence.
Ce mois-ci, j’ai rencontré une de ces personnes engagées, la dynamique et passionnée Alexandra Tence. Je l’ai interrogée sur son parcours afin de savoir comment elle en est venue à tenter de changer le monde à son échelle.
Changer le monde : de la sensibilité à la révolte
Je crois savoir que votre engagement actuel prend sa source dans une sensibilité particulière qui date de votre enfance…
Oui, effectivement, toute petite déjà, je marchais en regardant le sol pour ne pas écraser d’insectes ! Je les voyais s’activer pour transporter du pollen, des graines, et ces agissements ne devaient pas être en vain. De par leur petite taille, je me sentais responsable de leur survie et j’éprouvais déjà semble-t-il, une certaine conscience de mon impact dans ce monde.
Pour autant, vous avez choisi de faire des études assez éloignées de ces préoccupations avant qu'un événement ne vienne tout changer, quel a été ce déclencheur ?
Attirée par les arts et la littérature, je rêvais de devenir actrice et réalisatrice, j’ai donc démarré mon parcours scolaire dans ce domaine, loin de l’idée de changer le monde.
C’est à ce moment-là que j’ai découvert une vidéo de L214 qui dénonçait l’industrie de la ponte et le broyage des poussins mâles. Le choc a été grand pour moi. Comment le pays de la libre expression et des droits de l’homme peut-il traiter de la sorte des êtres aussi purs et délicats que des poussins ? J’ai entamé des recherches et découvert que l’industrie alimentaire était l’enfer des animaux; qu’il ne restait que 2% d’animaux sauvages sur Terre; que l’esclavage moderne existe toujours et que la France y est aussi pour quelque chose.
A l’évidence, le monde ne tournait pas rond et il était de mon devoir d’intervenir !
Changer soi-même avant de chercher à changer le monde.
Quel impact cette vidéo et le sentiment de révolte qui en a résulté ont-ils eu sur votre vie ?
Tout d’abord, cette prise de conscience a littéralement chamboulé mes études. Mon obsession était devenue celle d’informer, d’agir pour la planète, de changer le monde en quelque sorte... J’ai donc tout arrêté et décidé de me réorienter pour suivre une licence en Communication et un Master 2 en Stratégie commerciale de façon à communiquer au mieux et à pouvoir en vivre.
Et concernant votre vie quotidienne ?
Je me suis regardée consommer et j’ai perçu un certain décalage entre mes actes et mes convictions. Or, le changement doit d’abord être intérieur pour en parler au mieux et amener le reste du monde à changer. Mais changer ses habitudes n’est pas simple, surtout quand la totalité de notre mode de consommation est à repenser !
J’ai donc mené des enquêtes, étudié les labels, appris à me familiariser avec des domaines méconnus comme la permaculture, la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)... La désinformation et le greenwashing sont des barrages qui brouillent encore la compréhension, et je ne parle pas de la difficulté de trouver les bonnes adresses !
Monter un projet pour changer le monde
Comment cette expérience personnelle s’est-elle transformée en projet professionnel ?
A travers mon expérience personnelle, je me suis rendue compte qu’il manquait un outil, un moyen facile de permettre aux gens de mieux vivre en accord avec leurs valeurs en respectant l’homme, l’animal et l’environnement. Il fallait être un super-héros pour y parvenir !
Alors en novembre 2018, j’ai lancé le blog Super Responsable et me suis entourée d’une petite équipe de bénévoles pour promouvoir les alternatives saines, éthiques et durables dans notre consommation au travers d’articles, d’illustrations et de vidéos. J’ai ainsi créé une communauté grandissante de personnes qui se soutiennent dans ces démarches et partagent l’envie de changer le monde.
En parallèle, j’ai cherché un soutien plus professionnel pour développer un projet qui me tient à cœur : je souhaite développer un outil concret (site/application) pour aider les gens à vivre facilement de façon responsable. J’ai ainsi intégré l’incubateur ParisTech Eurecom pour donner toutes les chances à ce projet.
Changer le monde est une ambition qui donne des ailes, mais la création n'est pas de tout repos, il y a beaucoup d'obstacles, nos lecteurs y sont sensibles:
- Comment faites-vous pour gérer l'aspect financier ?
Au début j’avais un travail à mi-temps, mais cela ralentissait considérablement mon projet, pour le peu de rémunérations que je recevais. J’ai donc opté temporairement pour le minima social et choisi de me consacrer pleinement à Super Responsable. Au final je vis mieux avec moins. Je n’ai pas d’enfants, de frais de déplacements et mon travail me passionne, donc je ne me sens pas frustrée.
- Comment faites-vous pour conserver l’envie de changer le monde et maintenir la confiance sur la durée malgré les inévitables coups durs ?
Concernant la motivation, ce n’est pas ce qui me manque ! Passionnée par ce projet, je me suis même oubliée peu à peu, allant jusqu’au burnout. On ne s’en rend pas compte, mais on oublie de manger, de se chouchouter, de faire des activités… Les journées sont toutes les mêmes, obnubilée par un souci de performance et le stress s’en ressent. J’ai donc dû prendre des mesures et me forcer à les suivre: sortir de chez moi, voir du monde, prendre du temps pour moi.
Pour garder confiance, je m’inspire de ce qui a réussi, je m’entoure de gens bienveillants. Et puis je fais en sorte de faire les choses d’une façon qui me plaît tout en m’inspirant des autres et en ajustant mes actions selon les feedbacks.
- Comment gérez-vous le regard des autres et notamment de l'entourage sachant que vouloir changer le monde n’est pas toujours bien vu ?
Il est dit que le cours de notre vie est influencé par 5 personnes de notre cercle proche. J’ai donc choisi de m’entourer de gens cultivés, dynamiques et bienveillants.
Lorsque je me heurte à des mentalités réfractaires ou pessimistes, j’essaie de tenir compte de leurs avis et de répondre à leurs questionnements ou leur besoin. Si cela ne fonctionne pas auprès d’eux, tant pis, j’aurai essayé. A certains moments du projet, j’ai dû faire face aux critiques, disant que mon comportement était utopiste. Au début c’était dur, puis j’ai compris que ces gens avaient surtout peur d’être jugé dans leur propre état d’être, que le changement ça dérange, et qu’il leur manquait une bonne motivation et des exemples pour mieux agir.
Changer le monde se fait un pas après l’autre et pas tout seul…
Et aujourd'hui, quels sont vos plans pour l’avenir ?
Mon objectif est de pouvoir vivre de mon activité. Je voudrais développer un outil qui regroupe toutes les adresses éthiques et durables. Je recherche activement un associé pour m’aider dans la concrétisation de ce beau projet.
En parallèle, j'ai eu l'idée de créer des illustrations rigolotes et inspirantes, illustrées par ma partenaire Sophie Renassia, et nous espérons publier prochainement notre BD pour inspirer les gens qui veulent eux aussi changer le monde à leur échelle.
Avec cette expérience, quel conseil donneriez-vous à quelqu'un qui hésite à passer à l'action pour changer le monde à son niveau ?
D’abord, je vous conseillerais de vous écouter et de croire en vous. Une idée, une invention qui germe dans notre esprit n’est pas là par hasard et on doit y prêter attention.
Ensuite, il faut s’entourer des bonnes personnes et en parler un maximum. Des points d’améliorations seront forcément à prévoir, des erreurs seront faites et c’est normal. Il faut éviter de se mettre trop de pression et rester indulgent envers soi-même. Il est important d’accepter de tomber et de savoir se relever pour continuer à avancer.
Merci beaucoup Alexandra pour ce témoignage inspirant ! Je souhaite qu’il inspire de nombreux lecteurs à s’engager dans l’action pour donner vie à leurs convictions et tenter de changer le monde, à leur manière, dans la mesure du possible !
Si le sujet de la consommation responsable vous touche, n’hésitez pas à rejoindre la communauté de supers-responsables animée par Alexandra.
Et si son témoignage vous a donné envie de tenter l’aventure d’une vie libre et consacrée à vos aspirations profondes, les coaches Cap Cohérence sont là pour vous aider à structurer vos pensées avant de vous lancer dans l’action !
Annabelle pour Cap Cohérence