Ceux qui ont vécu un burn-out le savent : il est difficile de s’en sortir sans traitement, qu’il soit médicamenteux ou non. C’est un sujet qui est rarement abordé car il touche à une part d’intimité que peu de gens osent partager. Je suis donc particulièrement reconnaissante envers William qui a accepté de témoigner sur notre blog de son expérience du burn-out et des différents traitements envisageables. Voici son histoire…
Le burn-out s’installe insidieusement dans votre quotidien jusqu’à vous rendre fou !
Avant de parler des traitements du burn-out, je voudrais revenir sur votre histoire. Pouvez-vous nous raconter comment les choses ont commencé ?
Oui…après avoir suivi un cursus en économie et gestion, je me suis dirigé vers l’analyse de données, discipline que j’ai d’abord exercée dans une petite structure, puis chez Coca-cola avant d’occuper le poste de business analyste pour le tour opérateur Promovacances. C’est là que mon chemin vers le burn-out a commencé...
Malgré ma maigre expérience, j’ai tout de suite été en charge de responsabilités que je qualifierais aujourd'hui de démentielles. Mais je dois l’avouer, bien que stressant cela a été également très galvanisant, en tout cas dans un premier temps…
Parce que trois mois plus tard, mes journées étaient une course contre le temps, jonglant entre les réunions, les appels, et les mails ! J’étais dans un état de stress permanent. Je travaillais dans un open space de 30 personnes, extrêmement bruyant sans respect les uns des autres. Puis est arrivé le jour où ma supérieure a quitté l’entreprise me laissant seul aux manettes avec la nouvelle recrue fraîchement arrivée en plein milieu d’une période de rush absolu ! Ça a été la goutte d’eau qui m’a poussé à demander de l’aide.
Avec cette aide, vous avez continué à tenir la barre pendant un temps jusqu'au jour où ça n'a plus été possible, que s'est-il passé ?
J’ai en effet essayé de tenir par tous les moyens. J’ai commencé par les traditionnels anxiolytiques qui sont certes efficaces mais qui ne sont pas une solution à long terme compte tenu de leur pouvoir addictif. Alors je suis passé aux antidépresseurs. En 12 mois, j’ai dû en tester au moins 5. Certains de ces traitements ont aggravé mes angoisses, d’autres ont eu une certaine efficacité mais avec beaucoup trop d’effets secondaires pour envisager de les prendre sur le long terme.
J’ai fini très difficilement par accepter de parler de mes problèmes à la direction. Je me suis mis à nu, ça a été très pénible de devoir avouer mes faiblesses. J’ai eu l’impression d’être écouté, oui ! Mais passé une semaine, rien n’avait changé et j’avais même le droit à quelques blagues sur mon état.
Le problème du burn-out, ou même de la dépression c’est que ça ne se voit pas. On continue à sourire, à essayer d’avoir l’air bien et les gens en concluent que finalement ça n’a pas l’air d’aller si mal. Sauf qu’intérieurement, j’étais arrivé à un point où ma vie n’avait plus d’importance à mes yeux. Mais ça n’a pas suffi pour autant à me faire arrêter. Ce qui m’a fait arrêter c’est le fait d’avoir atteint un niveau de mal être qui confinait à la folie. J’avais perdu le contrôle de ma tête. J’avais des pulsions de violence envers moi-même, je n’’étais même plus capable d’aller à un dîner de famille. C’est là que j’ai dit STOP.
Des traitements qui montrent leurs limites pour soigner le burn-out
Il est difficile pour quelqu’un en burn-out de savoir à qui s’adresser pour être aidé. Par qui et comment avez-vous été accompagné dans cette phase de descente aux enfers ?
Très rapidement après le début de l’apparition des premiers symptômes de stress chronique et ne voyant pas mon état s’améliorer naturellement, j’ai consulté un psychiatre. A cette époque, j’imaginais qu’il y avait un traitement magique pour tous les maux, j’étais donc plein d’espoirs.
Malheureusement la seule solution proposée par ce psychiatre a été les antidépresseurs qui ne me convenaient pas. Alors, j’ai consulté un deuxième psychiatre qui me vantait les mêmes traitements et niait clairement les effets secondaires de ces derniers. Dans toutes les phases de cette expérience douloureuse, j’ai été confronté, il me semble, à une minimisation du problème par les professionnels de santé. Ou alors, c’est moi qui n’aie pas su exprimer la gravité de mon mal être…
Quoiqu’il en soit, j’ai fini par consulter des thérapeutes aux diverses approches (praticien EMDR, hypnothérapeute, psychothérapeute,…). Eux ont su comprendre ma problématique. Malheureusement je cherchais à cette époque une solution rapide et efficace, ce qui n’existe pas. Mon impatience m’a alors fait arrêter ces traitements qui auraient pu beaucoup m’apporter.
Je crois savoir que les traitements médicamenteux proposés pour vous remettre du burn-out vous ont laissé perplexe, pouvez-vous nous expliquer ?
Oui, j’ai vu les intérêts et les limites des traitements que l’on m’a proposés…
Les antidépresseurs forment un sujet fascinant car ils représentent LA solution aux troubles d’angoisse, de dépression et de burn out. Il faut simplement trouver celui qui a plus d’effets positifs que d’effets secondaires invalidants. Ceci dit, bien que les antidépresseurs puissent être une véritable aide, ils ne soignent pas le fond du problème.
D’un autre côté, il y a les anxiolytiques. Eux aussi marchent merveilleusement bien. Sauf qu’ils ont un pouvoir d’accoutumance et de dépendance très élevé. Voir le Xanax comme la solution à un burn-out ou à un trouble panique c’est comme voir en l’alcool un traitement contre l’anxiété sociale. Autant dire que c’est à éviter, surtout à long terme !
De ce constat, même si ça a été dur, j’ai fini par admettre qu’il n’y a pas de solution miraculeuse. J’ai donc choisi de faire des recherches sur des traitements alternatifs, et j’ai surtout admis que je devrais passer par un changement de vie et par une psychothérapie approfondie pour véritablement me reconstruire.
Des solutions alternatives aux traitements habituels pour aider à la reconstruction post burn-out
Qu'avez-vous trouvé comme traitements alternatifs aux médicaments qui soient efficace en cas de burn-out ?
J’ai passé des centaines d’heures sur le web, pour trouver des solutions à mon problème allant jusqu’à la vingtième page de résultats, j’étais très déterminé !
La première solution efficace que j’ai trouvée a été le CBD. De l’huile de cannabis sans THC et légal. Je dois dire qu’il y a une certaine efficacité mais n'allez pas y voir un traitement miracle contre la dépression et l’anxiété comme le marketing web tente de nous le vendre. C’est une vraie aide qui, additionnée à d’autres peut faire la différence mais pas de miracle !
Au vue de son tarif prohibitif, je me suis vite dirigé vers les plantes dites adaptogènes que sont l’Ashwagandha et la Rhodiola. Avec ça aussi, j’ai ressenti des effets palpables sur l’anxiété et le sommeil ainsi que sur la forme physique. C’est d’ailleurs ces deux plantes qui m’ont convaincu que la phytothérapie avait un certain potentiel.
Il est vrai que le tri est compliqué à faire entre toutes les solutions alternatives. Si on laisse de côté le marketing aguicheur, on peut se rattacher aux études scientifiques qui ont été menées sur les plantes médicinales en question. Elles sont nombreuses et souvent très prometteuses. Néanmoins, elles ne sont jamais de grande envergure comme elles le sont pour les traitements usuels.
Au-delà des traitements chimiques, la reconstruction post burn-out passe par une phase de reconnexion à Soi et de transformation personnelle
Les victimes de burn-out témoignent souvent de leur confusion face au vide laissé par l'absence d'activité professionnelle, comment avez-vous géré cette phase ?
Les premiers jours, je me suis senti libéré d’un poids. Mais très rapidement un sentiment de culpabilité m’a accablé, la culpabilité de ne plus travailler. Alors pour calmer mon esprit, j’ai décidé de me trouver un projet à long terme.
Il était clair que je n’étais pas apte à sortir de chez moi pour retrouver un poste, j’ai donc décidé de créer un site internet. Je suis parti de zéro. J’ai appris à créer un site, à le référencer, … Concernant le thème, après avoir passé des centaines d’heures à parcourir internet à la recherche de plantes médicinales, après en avoir personnellement essayé plusieurs, et en raison de mon expérience du trouble anxieux, j’ai eu envie de parler de ça. J’ai donc créé le site La Fabrique à Remèdes.
Je me suis vite rendu compte que le monde de la phytothérapie était très peu connu, malgré le fait qu’il renferme des petits trésors d’efficacité. J’ai donc eu envie, avec ma copine qui m’a rejoint dans cette aventure, de partager mes découvertes basées sur mon expérience et surtout sur mes recherches. Par exemple, nous nous attachons à promouvoir des plantes médicinales qui ne font plus débat au sein de la communauté scientifiques.
Créer ce site m’a donné le sentiment d’avancer, c’était important pour moi de me réveiller le matin avec enthousiasme parce que j’avais un objectif à atteindre.
Avec le burn-out, la vision du travail qu’avait la personne s’effondre et elle ne sait plus comment se positionner vis-à-vis de celui-ci. Se reconstruire signifie donc également construire une nouvelle vision et un nouveau rapport au travail. Pouvez-vous nous raconter ce que le burn out a changé pour vous à ce sujet ?
Commençons par un message d’espoir: le burn-out m’a libéré ! Pour la première fois de ma vie, j’ai une excuse valable pour essayer de faire ce dont j’ai envie. J’écris sur mon blog à propos des remèdes naturels et des plantes médicinales pour différents traitements, je conçois mes illustrations, j’apprends, je partage....
Mais effectivement mon rapport au travail et au succès n’est plus le même qu’il y a deux ans. J’essaye du mieux que je peux d’apprécier le chemin. J’ai connu l’obsession de la réussite, je suis tombé et retombé. Ça fait mal. Réussir est l’aboutissement incertain d’un ensemble de petits pas. C’est ce que mon expérience du burn-out m’aura fait comprendre. C’est une autre philosophie de vie. Désormais, je prends les tâches les unes après les autres, je me concentre sur le présent, sur la journée à venir.
C’est une manière de me protéger, me protéger du stress et surtout me protéger de la déception. C’est également une façon d’être pleinement dans mon travail et d’y prendre du plaisir. Ne pas trop me projeter me permet de ne pas me mettre une pression inutile. Et en faisant du mieux que je peux, je n’ai pas de regret.
S’autoriser à entretenir un autre type de rapport avec le travail, c’est aussi apprendre à développer un autre type de rapport avec soi et avec les autres. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en a été pour vous ?
J’ai reçu une éducation qui m’a poussé à repousser mes limites. On parlait de “se battre”,” tenir le coup”, “faire plus que les autres”.... J’ai donc été bercé dans l’intolérance à la fainéantise, à la faiblesse, au manque de courage. Quand on a une “faiblesse”, un domaine dans lequel on n’est pas à l’aise, on s’y confronte. J’ai donc passé les 28 premières années de ma vie à repousser mes limites et cela avec un certain succès, quoi qu’il m’en coûtait.
Alors ce burn out a été un choc : pour la première fois malgré toute la volonté du monde, malgré tout le courage qui pouvait m’habiter, mon corps et mon esprit ne pouvaient plus suivre. J’avais atteint mes limites, ces mêmes limites que j’imaginais ne pas exister.
Cette expérience m’a ouvert les yeux sur les autres. Aujourd’hui, quand je rencontre une personne dépressive, je ne la juge plus comme faible, j’ai de l’empathie et de la compassion pour son combat que je sais compliqué. Quand je rencontre une personne qui souffre d’anxiété, j’admire son courage à vouloir aller de l’avant malgré les forces internes qui s’y opposent. Quand je rencontre quelqu’un qui évoque un burn-out, je prends le temps de lui délivrer modestement les conseils que j’ai pu tirer de ma propre expérience.
Le jugement que je porte sur moi au quotidien a également changé. Je suis devenu plus indulgent envers moi-même. Je m’écoute beaucoup plus, je respecte mes envies, mes craintes et je suis bien plus attentif à mon instinct quand je prends des décisions dans ma vie. Ces changements, au-delà d’être appréciables, étaient indispensables.
Vivre un burn-out a des conséquences à tous les niveaux. J’ai l'impression d’avoir pris 20 ans en deux ans ! Et la perte de mes cheveux, n’est pas la seule raison…mon rapport au plaisir a aussi changé. Je ne suis plus aussi enthousiaste qu’avant pour sortir, faire la fête, faire des rencontres… ou tout ce qui occupait ma vie de trentenaire. En même temps, mon rapport aux émotions négatives s’est également atténué. Je prends moins les choses à cœur, j’ai beaucoup plus de recul sur la vie.
Dans le traitement du burn-out, l'entourage est déterminant. Qu'en a-t-il été pour vous ?
Effectivement je pense que l'entourage peut jouer un rôle primordial lorsqu’on est confronté au burn-out. De mon côté malheureusement je n’ai pas reçu les bons conseils. Je pense que mon entourage a minimisé la gravité de la situation et m’a poussé à m’accrocher toujours plus à mon poste malgré le fait que mon état ne faisait que se détériorer.
Comme beaucoup de personnes qui passent par là, j’imagine, j’ai dû faire face à des remarques culpabilisantes, à de l'incompréhension, voire même à des critiques non dissimulées. J’étais vu comme quelqu’un qui n’avait pas assez de force pour s’accrocher alors que « la vie est dure pour tout le monde ».
Pourtant j’ai multiplié les appels à l’aide sans jamais entendre les mots que j’aurais apprécié entendre qui aurait pu être simplement « si ça ne va pas, écoute toi et arrête ». Confronté à autant d'incompréhension, j’ai fini par déposer les armes et j’ai fait au mieux pour sembler aller bien. Je ne me plaignais plus, j'encaissais simplement sans broncher. Ce petit jeu étant difficile à tenir en société, j’ai fini par m’isoler.
Bien se traiter pour mieux rebondir après le burn-out
Vous êtes aujourd'hui en train de monter un nouveau projet qui se transformera peut-être en entreprise un jour, comment vivez-vous votre quotidien maintenant ?
Mon quotidien est jalonné de plaisir, d’excitation mais également de stress et de déception. Créer son projet n’est pas facile. Mais cette fois-ci, c’est un stress naturel qui m’accompagne, un stress plutôt sain, celui qu’on peut laisser de côté une fois le boulot fini. Depuis tout petit je rêve de monter un projet qui tienne la route car travailler pour soi c’est faire preuve de créativité par moment, de bons sens à d’autres. C’est devoir échanger avec d’autres personnes. Chaque jour est différent et excitant, chaque semaine débouche sur de nouvelles opportunités. Par exemple je n’aurai jamais imaginé parler de moi comme je le fais aujourd’hui, et pourtant… !
Si vous aviez un message à adresser aux personnes qui sont en burn out, que voudriez-vous leur dire ? Et en matière de traitement, que leur conseilleriez-vous ?
Quand on fait un burnout, on peut se sentir coupable. Coupable de ne pas être à la hauteur, de ne pas arriver à supporter ce que les autres autour de nous semblent supporter. Alors on essaye de tenir avec l’espoir que tout s’arrange, qu’on finisse par être plus fort que le burn out. Mais en réalité le burn out est une maladie, il n’est pas le fait d’être quelqu’un qui n’arrive pas à gérer ses émotions. Alors, ne vous blâmez pas.
D’autre part, même si c’est difficile à entendre quand on le vit, on peut tirer beaucoup de positif de la situation. La plupart des gens qui ne sont pas épanouis au travail traverse la vie avec ce sentiment flottant que les choses pourraient être mieux, sentiment qu’ils finiront par apprivoiser. Mais est-ce si bien que ça? Faire un burn out c’est peut- être recevoir en pleine face le message suivant : « Ecoute-toi maintenant, fais, dans la mesure du possible, ce dont tu as envie parce qu’il est hors de question de continuer à supporter l’insupportable. »
Quant aux traitements…dans un premier temps, faites-vous accompagner par un médecin et par toute personne qui a une expertise dans le burn-out et qui sera à votre écoute. Sur le plan médicamenteux, faites en fonction de votre réaction aux médicaments prescrits mais sachez que ce n’est pas une solution à long terme.
Quant à nos amies les plantes médicinales, certaines peuvent vraiment améliorer votre quotidien. La phytothérapie d'aujourd'hui ne se cantonne plus à des vieilles tambouilles de grand-mère, la science s’y intéresse et prouve l’intérêt de certaines espèces. Donc, n’hésitez pas à vous renseigner sur le sujet pour vous faire un avis.
Merci William pour ce témoignage riche en informations et intense en émotions !
Cher lecteur, si vous voulez en savoir plus sur la phytothérapie, retrouvez le fruit des recherches de William sur La Fabrique à Remèdes. Et si vous avez des traitements à recommander, vos commentaires sont les bienvenus.
Enfin, si vous avez besoin d’un soutien pour construire un nouveau rapport au travail et un nouvel avenir professionnel, nos coaches Cap Cohérence, sont là pour vous, vous le savez !
Au plaisir de vous écouter,
Annabelle pour Cap Cohérence