« J’aimerais tellement exercer un métier qui a du sens ! Mais quoi ? Et comment concilier mes attentes, mes contraintes et mes besoins ?! » Voilà des propos que j’entends toutes les semaines en séances de coaching.
Si vous aussi vous cherchez comment mettre à profit votre temps de travail pour contribuer à l’amélioration de notre société, vous allez être surpris de découvrir qu’il existe de nombreuses possibilités ! Mais ces métiers qui ont du sens, ces métiers à impact nous sont peu connus. Ils ne figurent pas dans les listes des conseillers d’orientation.
Pour les découvrir, il nous faut changer de regard, ouvrir la porte d’un écosystème en construction.
C’est pour vous y aider que j’ai demandé à un spécialiste du sujet de venir nous en parler sur le blog Cap Cohérence. Nous accueillons donc Florian, responsable de la communication et du recrutement chez On Purpose…
Un métier qui a du sens dans une économie reconfigurée
Sur le site d’On Purpose, on peut lire "Nous pensons qu’une autre économie est possible. Une économie qui met le sens avant le profit, qui fonctionne pour tous et ou? l'épanouissement professionnel de chacun participe a? l’intérêt commun. Cela demande une reconfiguration systémique, menée par des professionnels qui transforment les organisations dans lesquelles ils travaillent au quotidien." Pouvez-vous nous en dire plus sur la vision que vous portez du monde du travail et la façon de le transformer à travers des métiers qui ont du sens ?
Au-delà du monde du travail, c’est le système dans lequel le travail s’inscrit qui doit être repensé. Tom Rippin, le fondateur d’On Purpose, compare notre économie actuelle à un cancer. Se dévier de son sens premier (qui est le bon fonctionnement global), croître dans le seul but de croître, accaparer toutes les ressources au détriment des autres parties : autant d’éléments qui font des deux systèmes - notre économie et le cancer - des systèmes malades.
Chez On Purpose, nous pensons que les professionnels peuvent agir comme des « anticorps » afin de guérir ce système. En rejoignant des organisations qui cherchent l’intérêt général avant le profit, ils retrouvent le sens de la communauté, de la solidarité. Dans ces métiers de sens, leurs compétences permettent aux structures de se développer et de démultiplier leur impact. Et ces organisations se concentrant sur leurs bénéficiaires, remettent en circulation des ressources jusque-là gardée captive par un petit nombre. Peut alors émerger une économie saine qui crée tous les biens et services dont chacun a besoin pour pouvoir vivre une vie épanouissante, en respectant les limites naturelles de notre planète.
Ces métiers de sens, ces jobs à impacts, sont essentiellement développés aujourd'hui par le secteur de l'économie sociale et solidaire, pouvez-vous nous donner des informations sur l'état de ce secteur en France ?
Ce qu’on appelle Economie Sociale et Solidaire (ESS) recouvre un modèle spécifique, avec un cadre légal délimité. A proprement parler, l’ESS représente 14% de l’emploi salarié privé en France. Mais au sens large, il existe d’autres types de structures qui ont placé le sens avant le profit et qui ne rentrent pas dans la définition juridique de l’ESS. On peut penser aux associations, fondations, coopératives, mais aussi aux entreprises sociales (agréées ESUS ou non), les entreprises à missions, les branches RSE…
Il peut y avoir une exigence éthique qui va plus loin que le cadre législatif et/ou l’identité perçue de la structure. Il faut aller creuser les modèles au-delà des apparences pour bien les comprendre, pour aller plus loin que l’image présentée. Qu’est-ce qu’un métier qui a du sens au fond ?
Un point important à savoir est que cet écosystème est très innovant. Il a su s'hybrider pour que les modèles économiques des organisations deviennent pérennes, et les solutions auprès des bénéficiaires avec. Les compétences "conventionnelles" sont donc très recherchées. Par exemple aujourd’hui, « marketing » n’est plus un gros mot dans ce secteur ! Ce n’est pas le travail qui est diabolisé, mais sa finalité qui est à reconsidérer. Si le marketing permet de trouver davantage de bénéficiaires, le métier s’envisage bien différemment.
Des questions à se poser pour trouver un métier qui a du sens
Chez OnPurpose, vous permettez à des personnes motivées de tester un métier qui a du sens au sein d'une organisation à impact positif. Qui sont les structures d'accueil avec lesquelles vous travaillez ?
Nous avons une approche pragmatique anglo-saxonne, ce qui compte le plus pour nous sont les résultats concrets d’impacts positifs. Nous sélectionnons donc d’abord des projets, avec 3 critères principaux :
- que l’intention et les résultats escomptés servent l’intérêt général,
- que la mission permette à la structure de se développer et de démultiplier son impact positif,
- que la mission soit à la fois réaliste et challengeante, afin que les personnes que nous plaçons dans les projets puissent délivrer et voir leur impact tout en continuant à monter en compétences dans leur métier.
A partir de là, nous travaillons avec tout type d’organisations :
- Associations loi 1901 (Adie, Aurore)
- Institutions parapubliques (Croix-Rouge Française, Samusocial de Paris).
- Fondations (Apprentis d’Auteuil)
- Coopératives (Enercoop)
- Start-ups for good (Lita.co, Innovafeed)
- Entreprises sociales (Simplon, Moulinot)
- Branches RSE de grands groupes (Danone Communities)
Si un de nos lecteurs est intéressé par l'idée de trouver un métier qui a du sens dans une entreprise à impact, que lui conseilleriez-vous de faire ?
Chaque cheminement est unique. Mais globalement je vois trois étapes à franchir pour identifier un métier qui a du sens et qui conviendra sur le long terme :
- D’abord, il est important de se poser les bonnes questions plutôt que de vouloir trouver des réponses trop vite. Je sais à quel point changer de métier peut être délicat. Mais un objectif flou mène souvent à une erreur nette. Il faut donc commencer par un bilan et réfléchir à son envie profonde plutôt que sur les moyens pour changer la situation. Un premier débroussaillage peut être de voir dans son expérience les tâches pour lesquelles on a été bons et qui nous ont procuré du plaisir (l’Ikigai est intéressante pour cela). Ensuite, il peut être utile de se demander ce qu’est le « sens » pour soi. Enfin, il faut réfléchir aux critères plus concrets qui comptent pour soi et les prioriser. Chez On Purpose par exemple, je vois différentes priorités : certains veulent capitaliser sur leurs forces pour maximiser leur impact, pour d’autres la cohésion d’équipe compte plus que tout. Pour moi, ce qui importe c’est d’allier créativité avec efficacité et impact – c’est exactement ce que je trouve par mon métier de communicant au service d’une organisation de l’ESS.
- Ensuite il faut se renseigner. Aller aux ateliers, soirées, rencontrer des professionnels du secteur et leur poser des questions sur leurs métiers. Il y a une vraie passion dans l’écosystème et les gens qui y travaillent ont souvent plaisir à la partager. Il existe également des parcours exploratoires plus immersif, comme les weekends proposés par Ticket for Change, les ateliers de l’Institut des Futurs souhaitables, ou les parcours de somanyWays.
- Enfin la troisième : si cela est possible, tester. Notre Programme Associé a justement été conçu pour allier apports théoriques et expériences, formation et action. Reprendre le droit d’essayer, de se tromper, de corriger en temps réel.
Une opportunité de tester un métier qui a du sens
Pour l'acculturation et le test, vous proposez une solution très pertinente, pouvez-vous nous expliquer comment se passe le processus d'accompagnement de On Purpose vers les métiers de sens ?
Le Programme Associé est un programme rémunéré d’un an qui s’adresse aux professionnels ayant entre 3 et 15 ans d’expérience, tous secteurs confondus. Quels que soient les métiers, ce qui compte, c’est que les candidats soient aguerris en gestion de projets complexes, qu’ils aient rencontré des challenges et les aient relevés avec brio. Le programme offre deux immersions de 6 mois chacune en entreprises sociales, mais aussi des formations, du mentorat et du coaching. C’est un accompagnement complet qui vise à aider ces personnes en reconversion professionnelle à expérimenter, à prendre du recul tout en restant dans l’action, à donner du sens, à avoir de l’impact et à être soutenu par une communauté forte et mobilisée. Ceux qui en parlent le mieux sont nos bénéficiaires, nous proposons donc de nombreux témoignages sur notre blog.
Notre processus de sélection est exigeant car notre promesse est, certes d’accompagner des professionnels mais aussi des organisations, nous avons donc besoin que les candidats aient des compétences solides pour bien réussir leurs missions. Les étapes du recrutement et les qualités que nous recherchons sont renseignées en toute transparence sur le site d’On Purpose.
Changer d’état d’esprit pour s’épanouir dans un métier qui a du sens
Quand mes clients envisagent l'idée d'aller vers des métiers qui ont plus de sens à leurs yeux, ils se heurtent souvent à la crainte de perdre en salaire, qu'en est-il d'après votre expérience ?
Je ne vais pas prétendre le contraire : les salaires sont globalement plus bas dans l’écosystème à impact positif. Mais plus bas ne veut pas dire mauvais ! Pour commencer, les jeunes professionnels affichent globalement les mêmes salaires que les juniors du secteur conventionnel.
Ensuite, la rémunération varie beaucoup en fonction des secteurs, des organisations, des postes. Le baromètre des salaires fait par Orientation Durable peut aider à se faire une idée de ce qui est proposé selon ces catégories.
Enfin, il est important de reconsidérer son rapport à l’argent, de le voir à nouveau comme un moyen et non une fin. C’est une logique que les personnes qui cherchent un métier qui a du sens ont en tête. J'ai réalisé un épisode de podcast à ce propos avec Marion Graeffly, passée du marketing chez Mars à co-dirigeante d'On Purpose Paris.
Les salaires à la sortie du Programme Associé sont souvent intéressants, parce que 1) par le programme de formation, nous accompagnons nos bénéficiaires à mieux se valoriser, 2) les Associés ont déjà pu concrètement prouver, grâce à leurs deux missions de 6 mois, leur valeur, 3) le programme est reconnu dans le milieu et les organisations valorisent les profils qui y sont passés.
Pour conclure, quel message important aimeriez-vous livrer à nos lecteurs aujourd'hui ?
J’aimerais vous dire : « Alignez l’intérieur avec l’extérieur ; vos valeurs avec vos actes, vos aspirations personnelles avec vos ambitions professionnelles. » On peut avoir une carrière exigeante dans l'écosystème à impact, et être soulagé de consacrer ses journées à régler les problèmes qui nous tiennent à cœur.
Ce qui peut faire peur, c'est de se sentir seul dans ce choix de métier qui a du sens. On nous a habitués à nous méfier les uns des autres ou à avoir des relations professionnelles utilitaristes. Mais devant les challenges que notre époque rencontre, la collaboration fera la différence. C'est pour cette raison que nous avons fait le choix de la communauté à On Purpose, avec différents cercles de solidarité.
Merci Florian pour toutes ces informations porteuses d’espoir !
Cher lecteur, si le programme d’On Purpose vous titille, vous trouverez plus d’informations sur la FAQ du site et vous pouvez leur écrire à info@onpurpose.org si vos questions n’ont pas trouvé de réponses.
J’espère que ce témoignage vous aura permis d’ouvrir une porte sur cet écosystème et de vous donner confiance dans le fait qu’il existe des métiers qui ont du sens et pour lesquels la demande augmente. Le plus important pour y accéder et profiter de l’aventure est d’avoir préparé un projet qui vous ressemble puis d’oser vous lancer. Pour cela, nos coaches sont à votre disposition, vous le savez. Contactez-nous pour en discuter si besoin [formulaire en bas à droite].
Au plaisir de vous entendre parler de ce qui fait sens pour vous,
Annabelle pour Cap Cohérence