J’ai pris un petit paquet de décisions difficiles dans ma vie. Ca ne m’a jamais paru compliqué. Un petit peu de logique, une pincée d’anticipation, un soupçon d’écoute de mes émotions, une pointe d’intuition et le tour est joué. Mais en observant autour de moi, j’ai réalisé deux choses : (1) quand il s’agit d’expliquer voire de justifier ses choix, mieux vaut savoir comment on s’y est pris pour les faire et (2) la plupart des personnes autour de moi ne fonctionne pas du tout comme ça pour prendre leurs décisions !!

Voilà plutôt ce que j’entends quand une personne m’explique comment elle prend une décision : « Je le sens bien », « Mes parents ont approuvé », « Tout le monde fait comme ça », « Ça doit être un signe », « J’ai trop peur, mieux vaut ne pas bouger », « Plouf plouf », « Quelqu’un finira bien par décider pour moi », « Si personne ne dit rien, c’est que tout le monde est d’accord », « Il fallait bien trancher, on verra ce que ça donne »,…

Il y a des centaines de recherches sérieuses réalisées depuis des décennies sur le sujet de la prise de décision, mais nous continuons à faire comme quand nous étions petits !!

Attention, je ne dis pas que c’est mal. Je dis juste que quand je vois certaines conséquences de décisions sur la personne qui les a prises (a minima), c’est dommage de ne pas profiter de tout ce qui a été découvert sur le sujet pour se protéger un peu.

De quelles décisions parle-t-on ?

A moins d’être sujet à l’indécision chronique – souvent reliée à un manque de confiance en soi, vous prenez la grande majorité de vos décisions de manière très facile. Vous choisissez tous les jours vos habits, votre nourriture, votre route, vos mots, … Bien que la manière dont vous allez vous habiller pour aller faire cette présentation ou le choix de vos repas de la semaine puissent avoir un gros impact sans vous en rendre compte, ce ne sont pas les décisions auxquelles je fais référence.

Les décisions qu’il me semble important de savoir soupeser sont celles qui peuvent avoir des conséquences visibles et potentiellement gênantes pour vous ou pour d’autres. Ce sont ces décisions sur lesquelles vous aimeriez faire de « bons choix » ou sur lesquelles vous pourriez regretter d’avoir fait un « mauvais choix ». Comme par exemple, décider de dire enfin à machin ses 4 vérités ou vous inscrire à cette formation qui promet monts et merveilles ou donner telle mission à bidulette.

L’art de prendre de mauvaises décisions : c’est quoi le risque ?

Quand on parle de « bonne ou mauvaise décision », évidemment, ça n’a pas de sens. C’est l’histoire du vieil homme et son cheval – je vous la raconterai si vous demandez gentiment. :)

Mais si je vous parle des conséquences désagréables du fait de prendre ses décisions à l’arrache, vous aurez peut-être un peu plus envie de vous intéresser au sujet. Voyons voir…

Prendre une décision idiote

Vous vous souvenez de la fois où vous avez décidé d’investir dans cette machine super géniale qui allait résoudre tous vos problèmes. Et vous vous souvenez du jour où vous avez réalisé que celle que vous aviez jusque là faisait à peu près aussi bien le job en consommant deux fois moins d’énergie et avec une facilité de nettoyage et de réparation inégalée depuis ?

En vous appuyant sur un tout petit peu de méthode, vous auriez pu éviter cet échec et garder votre argent, votre temps et vos récriminations pour autre chose ! ;°)

Refaire toujours les mêmes erreurs

C’est le troisième collaborateur que vous recrutez qui ne fait pas l’affaire. Oui, je suis d’accord avec vous, c’est devenu difficile de trouver la bonne personne ; oui, les spécialistes du sujet ne font pas forcément mieux que vous ; oui, ce sont 3 histoires différentes et il ne faut pas tout mélanger.

Je veux juste poser cette question : êtes-vous satisfait du résultat de votre approche ? Si c’est le cas, continuez ainsi. Si ce n’est pas le cas, peut-être est-il temps de tester d’autres manières de faire, d’autres façons de décider qui vous recrutez ou non.

Être paralysé et bloqué dans l’analyse

Combien de fois avez-vous fait et refait ce tableau pour peser les pour et les contre ? Combien de fois avez-vous eu cette même conversation pour décider ou non de le faire ou pas ? Combien de fois vous-êtes vous réveillé en pensant avoir une réponse, et couché en étant convaincu que vous ne vous en sortiriez jamais ?

Notre capacité d’analyse est une très bonne chose jusqu’à ce qu’elle tue notre aptitude à décider. C’est ce que l’on appelle la paralysie d’analyse. Suivre une méthode de prise de décision aide à sortir de cette paralysie !

Entraîner les autres dans de mauvaises décisions

C’était quand le dernier tour de table auquel vous avez assisté ? Vous avez remarqué comment la parole de l’un est influencée par celle du précédent ? Il suffit que Marie, de la compta, ait un petit reproche à faire à Paul, l’animateur de la réunion ; et c’est tout le groupe qui y va de sa petite remarque !

En matière de décisions, ce phénomène, appelé cascade décisionnelle, est une catastrophe ! Qu’il encourage les gens à approuver ou désapprouver un projet, il vous éloignera dans tous les cas d’une décision éclairée. Apprenez quelques astuces pour le déjouer.

L’art de prendre de bonnes décisions : c’est quoi le bénéfice ?

Mais s’il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, à quoi ça sert de se prendre la tête avec des méthodes pour prendre des décisions ? Je ne suis pas chef de guerre, il n’y a pas mort d’hommes si je décide « à la one again » !

En effet, vous pouvez vous contenter de votre façon de faire. OU vous pouvez enrichir vos options pour en tirer quelques bénéfices…

Faire le meilleur choix possible

Même s’il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, il y a un meilleur choix possible à un instant t en prenant en compte les données accessibles. Pas un maximum mais un optimum. Viser cet optimum permet de progresser d’expérience en expérience.

Si donner une promotion à Sammy n’était pas un bon choix dans le sens où cela a eu des conséquences néfastes, au moment où vous l’avez fait, tout indiquait que c’était le meilleur choix possible. D’ailleurs, heureusement que vous n’avez pas choisi Christine ! Et lors des prochaines promotions, vous intégrerez les informations que vous avez recueillies depuis.

Se sentir ok avec le choix fait

Faire un choix en conscience c’est intégrer tous les aspects de notre être dans ce choix. Ainsi, s’il y a des objections, on prend le temps de les traiter. Faire cet exercice permet d’apaiser nos émotions face aux décisions difficiles car elles sont entendues et utilisées pour calibrer la décision. Cela devient un acte d’affirmation de soi.

Si vous avez décidé de refuser sa prime à Marion en appliquant les méthodes adéquates, vous ne ressentez pas cette culpabilité accablante de celui qui exerce un pouvoir sans le vouloir, ni la honte d’avoir transgressé votre valeur de gentillesse, vous êtes en paix avec votre décision même si elle a été difficile à prendre.

Être capable d’expliquer sa décision

Quand j’ai pris le temps d’adopter une méthode claire pour prendre une décision, il est tout de suite beaucoup plus facile d’en expliquer les rouages, aux autres et aussi à soi !!

Votre chef vous demande pourquoi vous avez autorisé votre équipe à travailler à distance sur ce projet qui part en cacahuète ? Il vaut mieux pour vous que vous ayez pris cette décision de manière éclairée pour lui rappelé la logique de votre choix.

Vous avez décidé de déléguer une tâche à votre collègue et il a fait une grosse boulette ? C’est le moment de vous rappeler ce qui vous a conduit à lui déléguer cette tâche et à lui faire confiance !!

Anticiper des portes de sortie

Prendre ses décisions de manière méthodique implique de songer aux conséquences possibles. Pas pour s’engluer dedans et s’empêcher d’agir. Mais pour prévoir quelques options de sécurité si les conséquences non voulues devaient se produire.

Vous hésitez à vous lancer dans un partenariat. Vous décidez finalement de vous lancer dans l’aventure. Et comme vous avez appris à prendre des décisions avec méthode, vous bordez votre contrat avec quelques clauses utiles, vous abordez à l’avance certains sujets délicats et vous gardez en tête deux ou trois autres options si jamais ça tourne court.

Décider avec méthode : comment faire ?

Vous êtes convaincu de l’intérêt de développer cette compétence de prise de décision ? Tant mieux !

Maintenant, comment faire ? Deux grands axes à explorer à mon avis :

  1. Développer une conscience aigue de nos limites. Vous trouverez quelques éléments dans mon article sur les biais cognitifs. Et de nombreux travaux sur le fonctionnement à la fois génial et approximatif de notre cerveau sont à lire, à commencer par le livre Le Cinéma Interieur de Lionel Naccache.
  2. S’appuyer sur des méthodes éprouvées. Je ne parle pas de connaître toutes les matrices possibles et imaginables pour circonscrire un choix. Je parle d’un état d’esprit aguerri et d’une démarche globale à adopter pour parvenir à des décisions éclairées.

C’est difficile à résumer, mais pour vous donner un peu plus de détails, voilà ce que je mets derrière cette notion de démarche globale :

  • Prendre conscience de nos façons très personnelles de décider et de nous tromper en faisant un diagnostic personnalisé
  • Apprendre une méthode standard de prise de décision éclairée
  • Savoir quoi faire de nos émotions et de notre intuition dans la décision.
  • Oser trancher, se désengager, agir même si on n’est pas très fier de soi, qu’on culpabilise, ou qu’on s’inquiète pour l’autre !
  • Mettre en place des garde-fous pour gérer l’influence du stress dans certaines décisions
  • Savoir sortir des pièges de la pensée : simplification à outrance, binarisation,…
  • Apprendre à organiser la prise de décision collective pour faciliter la co-construction, aboutir à des décisions assumées et incarner un message.
  • S’exercer en environnement sécurisé avant de le faire dans le grand bain de la vie.
  • Discuter avec des pairs pour se rassurer et se confronter ; valider certaines pratiques et en changer d’autres.

C’est un peu long alors ça s’apprend mieux en formation !

Une formation à la prise de décision : pour qui ? sur quoi ?

Vous l’avez compris, les décideurs ne sont pas seulement les dirigeants. Tout manager d’équipe, tout chef de projet, toute personne responsable de décisions impactantes ont intérêt à se former à la prise de décision.

Au programme, 7 grands thèmes peuvent être abordés :

Sur le plan des décisions individuelles :

  • Les décisions engageantes prises dans l’incertitude

Exemples : recruter un nouveau collaborateur dans une équipe en surcharge de travail, investir dans une nouvelle machine, fusionner deux entités, sélectionner une proposition parmi plusieurs, …

  • Les situations de crise

Exemples : Panne dans un système, incident, accident, litige, urgence,…

  • Les choix binaires

Exemples : Licencier quelqu’un ou le garder ; Continuer à s’investir dans un projet ou l’abandonner ; Prendre ou ne pas prendre des mesures disciplinaires ; Accepter ce nouveau client ou le refuser ; Exprimer son opinion ou se taire ; Déléguer ou faire soi-même ; Rester dans l’entreprise ou la quitter ; Créer son entreprise ou continuer comme salarié,…

  • Les conflits entre raison et émotion

Exemples : organiser un plan social ; affecter certaines missions aux membres d’une équipe ; licencier/promouvoir/primer des personnes que l’on apprécie/n’apprécie pas,…

Sur le plan des décisions collectives :

  • Décider collectivement en réunion dans le cadre de projets ou du fonctionnement courant

Exemples : installer un nouvel ERP, supprimer les gobelets en papier, aménager l’openspace,…

  • Sélectionner collectivement une idée parmi plusieurs propositions de collaborateurs :

Exemples : boîte à idées ouverte dans le service ; remontée de propositions dans l’équipe ; concours interne ; brainstorming fructueux ; dirigeants à l’écoute mais qui sont seuls à décider à partir de leur vision globale ;…

  • Choisir les priorités d’action pour une équipe ayant des objectifs divergents :

Exemples : prioriser les objectifs stratégiques d’une entreprise, d’un service, d’une association ou d’une assemblée transverse ; arbitrer sur une direction à prendre ; …

Envie d’explorer ensemble ce thème de la prise de décision ? Il vous suffit de m’écrire via l’onglet « Me contacter » en bas à droite, nous pourrons discuter de vos problématiques et voir ensemble ce qui serait le plus approprié pour y répondre.

Quoi que vous décidiez, j’espère que vous le ferez désormais avec une conscience plus claire de vos processus internes et de vos critères. ??

Annabelle pour Cap Cohérence