Savez-vous que 75% des recruteurs considèrent qu'une reconversion constitue davantage un atout qu'un inconvénient pour un candidat à l'embauche ? L'info est de taille et provient d'un sondage OpinionWay* réalisé pour le Conseil d'Orientation pour l'Emploi, dont le colloque annuel "Changer de métier : quels enjeux ? Quels risques ? Quelles opportunités ?" s'est tenu à Paris le 26 septembre 2013.
J'ai eu le privilège d'y assister, et je vous livre ici les points importants à connaître si vous voulez changer de métier !
Les enjeux actuels de la reconversion
Le nombre des reconversions a augmenté en France durant les 30 dernières années. Si les jeunes sont les plus mobiles professionnellement, tout le monde est concerné par la question puisqu'une étude a révélé que 30% des gens changent de métier sur une période de 5 ans. Le conseil unanime des experts à ce sujet : changer de métier se prépare à l'avance. Formation continue, bilan de compétences, coaching, ces dispositifs sont à consommer sans modération !
Autre conseil important : aujourd’hui, les compétences comptent plus que le métier. Il faut donc penser sa reconversion professionnelle à partir des compétences déjà acquises et qui peuvent être utilisées dans un nouveau poste. Et parmi ces compétences transférables, celles qui offrent le plus d'opportunités sont les compétences relationnelles. Par exemple, la capacité à communiquer ou à travailler en équipe.
Quel regard portent les employeurs sur le fait de changer de métier ?
Lorsque l'on souhaite se reconvertir, c'est souvent pour améliorer sa qualité de vie ou son statut professionnel - en ce qui me concerne, je confirme que c'est ce qui a guidé mon choix à l'époque pour changer de métier. Mais pourtant, on a beau penser à la reconversion, on a parfois peur de la réaction des futurs recruteurs. "Je vais passer pour un indécis" ou "comment expliquer ma décision en entretien d'embauche ?", sont autant de freins potentiels à l'action.
Bonne nouvelle ! Voici quelques chiffres issus du sondage réalisé pour le colloque qui sont encourageants pour les candidats au changement de vie :
- 85% des chefs d'entreprise / DRH ont déjà rencontré des situations de reconversion - 90% pour les DRH des grandes entreprises
- 62% des chefs d'entreprise / DRH ont déjà recruté des personnes qui ont changé de métier
- 77% des chefs d'entreprise / DRH estiment que les reconversions volontaires méritent d'être tentées - surtout pour les chefs d'entreprise / DRH du secteur des services (82%) et les entreprises de moins de 20 salariés. C'est dans le secteur industriels que l'on retrouve le plus de frein au recrutement.
En plus, les chefs d'entreprise / DRH interrogés perçoivent la reconversion comme un atout. Ils estiment que les personnes en reconversion :
- sont plus motivées
- apportent de la diversité dans une équipe
- offrent un nouveau regard sur le métier
- sont plus dynamiques
Last but not least, pour 86% des chefs d'entreprise / DRH qui ont recruté une personne en reconversion, ce choix a été un succès.
Pour aller plus loin, voici comment valoriser son parcours atypique en entretien !
Quelles solutions pour changer de métier et réussir ?
Pour David Abiker, ex-DRH reconverti en journaliste qui participait au colloque, changer de métier est une "décision vitale". Au même titre qu'un mariage ou une naissance. C'est dire son importance ! Il y a un avant et un après. Mais ce projet doit être porté par la personne qui le mène. Changer de métier s'apparente à un travail sur soi. Savoir se prendre en mains et se prendre en charge est la condition sine qua non pour réussir sa reconversion.
C'est ensuite seulement que vous pourrez vous appuyer sur des aides extérieures. Par exemple grâce aux dispositifs de formation continue : congé bilan de compétences pour déterminer le nouveau projet professionnel ou CIF pour pouvoir se former ensuite. Vous pourrez aussi penser à des accompagnements spécifiques comme le coaching pour passer de l'idée à la concrétisation du changement de métier. Dans d'autres cas, la rupture conventionnelle peut s'avérer un bon moyen de se libérer de l'ancienne activité pour amorcer le changement.
Orientation et formation sont donc les deux clés essentielles pour changer de métier avec succès. Mais reste encore à réduire les deux freins à l'action : le risque économique et la peur du changement.
Pourtant, dans d'autres pays, le risque économique est perçu comme naturel et normal. En Amérique du Sud par exemple, il est mal vu de rester dix ans dans la même entreprise. Cela pourrait indiquer un manque de dynamisme. Un changement de point de vue pourrait se révéler salutaire dans cette situation : quand le risque économique est perçu comme naturel, la reconversion est de fait perçue comme naturelle elle aussi.
Sinon, vous pouvez utiliser les deux antidotes prescrits lors du colloque : anticiper sa reconversion pour s'assurer la solidité du projet et prendre de la distance par rapport à sa situation professionnelle.
Vous hésitez toujours après avoir lu ces arguments ? Pensez aux jeux vidéos qui permettent à un même personnage d'avoir plusieurs vies. Yves Barou, président de l'AFPA, nous offre une comparaison inspirante : "Changer de métier est une chance de réaliser plusieurs envies dans une même vie" !
*enquête menée en ligne du 18 avril au 14 mai 2013 auprès d'un échantillon de 993 chefs d'entreprises ou DRH, représentatif du tissu économique, ayant eu un contact avec des candidats qui se sont reconvertis ou des salariés ayant un projet de reconversion
Marjorie LLOMBART