Vous êtes indépendant et vous n’avez jamais douté ni de votre légitimité, ni de votre crédibilité, ni de vos compétences ? Wawou ! Avant de quitter cette page, faites-nous part de votre secret en commentaire !! Pour ma part, j’ai appris il y a quelques années l’expression « doute pathologique ». A l’époque je démarrais mon activité de coach indépendant, et apparemment, je souffrais de cet étrange trouble. Ce n’était pas très intense mais suffisamment pour me gêner dans mes activités de freelance. Aujourd’hui, avec le recul, j’ai eu envie de partager avec vous mon point de vue sur le sujet.

L’idée n’est pas ici de rentrer dans les détails comme en atelier dédié, mais de vous permettre de mesurer les dégâts et de voir ce que vous pouvez d’ores et déjà y faire…

Quand les doutes sur sa légitimité, sa crédibilité ou sa compétence sabotent le travail d’un indépendant

J’ai mis dans le même panier les questions de crédibilité, de légitimité et d’imposture parce que, bien qu’ils ne s’appuient pas exactement sur les mêmes ressorts psychologiques, ces doutes-là ont souvent des conséquences similaires.

o Je ne m’accorde aucune crédibilité, donc j’ose à peine dire ce que je fais de peur du ridicule. Et quand je le fais j’adopte une telle attitude que bien évidemment mon interlocuteur ne m’accorde pas l’attention que je voudrais ! J’évite ainsi de me lancer dans l’action sous prétexte que personne ne croira à ma compétence et je me prouve par là même que j’ai bien raison !

o Je ne me sens pas légitime donc je cherche la énième formation qui me permettra de le devenir au lieu de développer mon business. Et malgré mes multiples attestations de compétence, je ne peux me résoudre à dire ce que je fais de façon claire. C’est bien simple, si on me demande, soit je détourne l’attention, soit je fais une blague, soit je deviens rouge comme une pivoine, bref, je n’assume pas. Bien évidemment, je ne propose mes services à personne ou seulement à des « cobayes » parce que je ne veux pas entendre la vérité : je suis débutant sur ce sujet. Du coup, je le reste ! Alors que Bidulon qui a un peu enrobé son expérience et a pris des risques, eh bien aujourd’hui, il est reconnu comme expert ! (argh !)

o J’ai peur que les gens démasquent mon manque de compétence donc j’en fais dix fois trop, je m’épuise et je ne m’attribue aucun mérite ou alors je ne fais rien, j’attends que ça passe et je me prouve ainsi que je suis bien incompétent. En même temps, je sais bien que sans ça, je finirais par être démasqué, les gens seraient terriblement déçus quand ils se rendraient compte de l’arnaque et ce serait la honte ! Je ne veux pas vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête, mais je suis piégé dans mon cercle vicieux de l’imposture supposée.

Est-ce que ces extraits vous rappellent quelque chose ? A quel point est-ce grave dites-moi ? Sur une échelle de 0 à 10, 10 étant « je reste couché dans mon lit à attendre que ça passe », vous diriez que vous en êtes où avec ce problème ?

Etes-vous plutôt sujet à un manque de crédibilité ? de légitimité ? de compétence ? Quelles sont les conséquences pour vous dans votre vie de travailleur indépendant ? Je suis preneur de vos commentaires parce que nos lecteurs sur ce sujet se sentent souvent très seuls !

Il peut vous paraître étrange d’être conscient de ce qui se passe sans pour autant parvenir à le changer. Mais dans ces cas-là, c’est pourtant ce qui se passe. La prise de conscience, la compréhension du phénomène qui engendre ces doutes ne sert pas à grand-chose ! Au contraire, même elle nous fait plutôt penser qu’on doit être fou… Je voudrais donc vous proposer une autre approche.

Si le doute s’en va, que reste-t-il ? Quand le masque d’imposteur s’envole, que notre légitimité n’est plus en question et que notre crédibilité va de soi, que se passe-t-il ?

Les problèmes ont quelque chose d’extraordinaire à mes yeux: ils se prêtent particulièrement bien au storytelling dans ma tête. En revanche, pour ce qui est des solutions, j’ai plus de mal – oui, c’est un drame pour mon marketing ! -. Bref.

Ce qui est dommage, c’est que, quand on tourne dans sa tête avec des problèmes, il n’y a plus aucune place pour les solutions. Et que ce soit les problèmes de légitimité, de crédibilité ou d’imposture, ce sont des problèmes purement mentaux, ce sont des histoires que l’on se raconte dans nos têtes.

Alors, je vous propose de faire une petite pause dans ce blahblah intérieur et de créer un tout petit espace de vide dans lequel vous allez laisser venir les réponses à la question suivante :

Imaginons que demain, après une bonne nuit de sommeil, vous vous réveilliez avec une formidable sensation. Vous ne savez pas très bien ce qui s’est passé cette nuit, mais une chose est sûre, quelque chose a changé parce que vous vous sentez libre. Complètement libre de faire ce que vous voulez. Vous vous sentez pleinement compétent, crédible, reconnu des autres, légitime. Avec cette sensation, quelle est la première toute petite chose que vous faites ?

Et ensuite ?

Filez ainsi le cours de votre journée et voyez se dessiner toutes ces choses que vous feriez avec ce sentiment étrange que vous pouvez faire ce qui vous chante. Observez comment les choses sont différentes, ce que vous faites est différent. Cela crée des situations nouvelles pour vous. Les autres vous considèrent différemment et réagissent différemment.

Racontez-nous : Que voyez-vous ? Qu’est-ce qui prend forme ?

Des fois, ce sont des choses toutes bêtes mais qui font une grande différence au final. Je me souviens encore de la première fois où je me suis amusée à faire ça. A cette époque, je n’avais qu’un client par ci par là en séance de coaching et systématiquement, quand j’avais une demande, je faisais en sorte de temporiser avant de caler un rendez-vous, comme si j’avais besoin de rassembler mes forces avant de me confronter à l’expérience. Eh bien, en faisant comme si je n’avais plus aucun doute, je me voyais programmer mes séances dans la journée qui suivait la demande, j’arrivais même à en prendre à l’improviste. Ce qui changeait considérablement mes sensations, qui permettait au client de profiter de son élan et qui accélérait aussi les rentrées d’argent !!

Je me suis donc attelée à tester. J’ai fait comme si. Et ça a fonctionné. J’ai toujours un petit temps de latence aujourd’hui avant de dire « Go ! » mais je le fais et vous savez quoi, je ne suis pas moins douée dans ces séances que dans les autres !!! :D

Et vous, qu’est-ce que vous feriez autrement si vous faisiez semblant de vous sentir compétent, légitime et crédible ? Choisissez une toute petite chose, faites-le et venez nous raconter. :)

Comment faire disparaître les doutes concernant sa légitimité, ses compétences et sa crédibilité ?

Pour certains ce passage cérébral du screugneugneu au waouh est suffisant pour les mettre en orbite sur une autre trajectoire. Pour d’autres, cela demande un peu plus de travail. J’y reviendrai ensuite.

Mais en attendant, ne vous connaissant pas, je me dois de rappeler aussi certains faits élémentaires.

Parce que, pour tous, un principe simple s’applique : on ne peut pas gagner en confiance par simple opération du Saint Esprit ! Pour se sentir légitime, crédible et/ou compétent, nous avons besoin de mettre nos idées à l’épreuve des actes. Nous devons nous confronter au réel et tester ce que nous sommes capables de faire pour en tirer des conclusions fiables à nos yeux.

C’est pour cela que ces sentiments de doute surviennent généralement quand nous démarrons une nouvelle activité ou que nous entrons dans un nouveau domaine. Comme nous ne parvenons pas à convoquer dans notre mémoire une expérience rassurante en la matière, nous nous sentons en danger. Alors qu’en réalité, loin d’être en danger, nous sommes simplement face à une situation dont certains paramètres sont inconnus… et d’autres connus.

Pour oser entrer dans cette nouvelle expérience, nous devons alors prendre appui sur ce qui nous est connu. Par exemple, si vous démarrez en freelance et que vous n’avez jamais fait de commercial, vous pouvez tout de même vous appuyer sur le fait que vous avez déjà discuté avec des personnes de ce que vous faites, déjà expliqué en quoi c’est important/utile/génial… Plus vous vous connectez à ce qui est connu, plus les doutes s’amenuisent. Vous devenez capable de faire la part des choses entre ce sur quoi vous n’êtes effectivement pas expérimenté et ce sur quoi vous l’êtes. Vous pouvez distinguer ce sur quoi vous savez être compétent et ce sur quoi une interrogation se pose.

Je ne suis pas complètement naïve. Il est évident qu’un coach débutant n’est pas aussi pertinent qu’un coach expérimenté – en tous cas dans la majorité des cas ! ;°) – mais tout n’est pas à jeter non plus dans l’approche du débutant. Il est donc important de savoir faire la part des choses plutôt que de généraliser hâtivement.

Vient ensuite le moment de combler les lacunes. Si, quand vous réalisez votre nouvelle mission, vous constatez qu’il vous manque une connaissance ou une compétence importante pour vous, faites en sorte de l’acquérir pour la suite. Vous n’êtes pas censé tout savoir sur tout, vous êtes simplement supposé vous améliorer avec le temps. Et je suis sûre que vous l’oubliez trop souvent ! Si un client refuse de vous accorder une mission parce que vous n’avez pas telle accréditation, voyez si vous avez envie de la passer ou pas.

Autrement dit, pour sortir du doute et du questionnement incessant, passez à l’action en mode test. Au moment de vendre votre prestation, mettez l’accent sur vos compétences phares et prévoyez une ou deux protections sur les aspects nouveaux pour vous. Par exemple, demandez au client un feedback régulier sur cette partie de votre mission qui vous tient particulièrement à cœur et sur lequel vous vous testez ou demandez à co-animer un module un peu touchy pour vous ou

En clair, sortir de sa zone de confort ne signifie pas se brûler les ailes bêtement. Et parfois, une petite formation pratique fait aussi du bien, même si c’est pour se dire in fine qu’on n’en avait pas besoin !

Peut-on vraiment se débarrasser du sentiment d’imposture ?

Comme je vous le disais plus haut, la mise en action est LA clé magique pour modifier sa sensation de légitimité et de crédibilité parce que c’est justement l’action qui nous donne ce qu’on cherche. A savoir, la reconnaissance de nos pairs et de nous-mêmes pour nos réalisations. En faisant « comme si » on se sentait prêt, on en arrive à décrocher les missions que l’on souhaite et à gagner ainsi en expérience et donc à renforcer son sentiment de confiance et de compétences par ricochet. Le cercle vertueux est ainsi enclenché.

Généralement, pour ceux qui ne rencontrent ce doute que dans le cadre d’une ou deux situations précises et pour qui les conséquences sont légères, le travail d’orientation vers les objectifs est ainsi suffisant. On peut le faire seul ou accompagné en coaching sur une ou deux séances, et hop, on est en route vers la lune.

Pour ceux pour qui ces impressions désagréables ont tendance à se répéter dans des contextes similaires avec une gravité évaluée entre 5 et 7/10, c’est déjà moins évident. Souvent, ces histoires de manque de légitimité et d’imposture reposent dans ce cas sur des fondations un peu plus fragiles. La personne a besoin de travailler plus globalement sur la confiance en Soi et l’estime de Soi avant de pouvoir s’aventurer dans des tests à enjeux. On passera toujours par la mise en action mais peut-être sur des objectifs moins importants que ceux qu’elle se fixe dans son quotidien de freelance. De plus, d’autres sujets connexes sont généralement « touchy » pour la personne. Elle aura par exemple du mal à exprimer ses besoins et ses envies, pourra se laisser déborder par les choses à faire ou subira de fortes baisses de motivations liées à une forte exigence envers elle-même. Dans ce cas, je constate qu’une démarche efficace consiste à prendre du recul en acquérant certains outils que l’on peut ensuite mettre en application pour se sentir mieux au quotidien. Puis à consulter un coach pour approfondir s’il reste des points durs à traiter.

Enfin, parfois, on a beau entourlouper notre cerveau, se lancer dans l’action, prendre du recul, s’orienter vers ce que l’on veut, rien n’y fait, on se sent encore insécure et la peur prend le dessus sur tout le reste. Les sentiments se mélangent. Non seulement on ne se sent ni légitime, ni crédible, ni compétent, mais on ne sait même plus vraiment ce qu’on ressent. La gravité des conséquences évaluées dépasse les 7/10. Il est alors urgent de consulter un thérapeute pour dépatouiller tout ça et reconstruire des bases solides sur lesquelles bâtir son avenir de freelance.

Pour finir, sur une note plus positive, je voudrais revenir sur ma propre expérience et vous dire que non seulement aujourd’hui, ça va mieux pour moi, mais ces dernières années, j’ai aussi été témoin de nombreux lancements de travailleurs indépendants qui ont progressivement pris confiance et dépassé leurs doutes vis-à-vis de leur légitimité, leur crédibilité et de leur compétence. Je peux donc dire que c’est tout à fait possible, et que même si on rechute face à un nouveau défi, on finit toujours par se relever. Et il arrive même qu’on en profite pour aider les autres à se sentir mieux avec ça. ;°)

Profitez de vos compétences aujourd’hui, demain elles auront sûrement changé !

A bientôt sur Cap Cohérence,

Annabelle