Charly: Bonjour à tous ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'interviewer David, ancien cadre parisien qui a décidé de changer de vie et de monter une maison d'hôte exceptionnelle au Maroc, à Marrakech. Sacré projet, que nous voulions vous faire découvrir !
Changement de vie: deux cadres parisiens montent une maison d'hôte au Maroc !
Charly : Bonjour David. Tu as monté et tu gères avec ta femme Marianne une magnifique maison d’hôtes au cœur du désert d’Agafay, à 20 mn de Marrakech, au Maroc. Peux-tu nous expliquer ce que vous faisiez avant et comment vous en êtes arrivés là ?
David : Nous sommes tous les deux des anciens du monde de la communication. Ma femme était directrice d’une grosse agence de pub à Paris, je travaillais dans l’événementiel. Nous étions tous les deux salariés et nous vivions à Paris. Via mon travail, j’organisais des événements et des séminaires pour des grandes marques au Maroc, donc je connaissais bien l’endroit. J’y avais beaucoup de connaissances, ce qui a facilité le projet. A un moment, nous avons décidé d’investir nos économies pour construire d’abord une maison secondaire. L’idée, c’était de rajouter quelques chambres à louer pour rentabiliser les charges et faire en sorte que cette maison secondaire nous coûte 0€/an.
Puis ensuite, on s’est pris au jeu. Il y a eu également des événements familiaux marquants, et ma femme a fait un burn out dans son travail. Après 15 ans dans le même milieu, nous commencions à nous ennuyer et ces événements nous ont invité à revoir nos priorités de vie, à réaliser un vieux rêve et changer de vie avec une idée bien précise : profiter des choses maintenant et ne plus attendre !
Ainsi, aujourd’hui, on exploite une magnifique propriété sortie tout droit de nos rêves. Nous ne louons pas les chambres à l’unité, ce n’est pas un service d’hôtellerie. Nous proposons plutôt une privatisation de la villa, à partir de 6 chambres, pour des vacances, mariages, anniversaires, ou stages thématiques (yoga, sculpture, coaching…)
Se reconvertir et monter une maison d'hôte: comment financer son projet ?
Charly : Waouh, beau changement de cap ! J’imagine qu’un tel projet est un sacré investissement en temps comme en argent. Comment avez-vous financé votre projet et comment avez-vous géré la transition avec vos anciens jobs ?
David: Effectivement, l’investissement total avoisine le million d’euro, répartis sur plusieurs années. Sur cet investissement, je pense que nous avons perdu 10 à 15% du montant à cause d’erreurs dues à notre méconnaissance du secteur : notaires véreux, backshishs aux mauvaises personnes, mauvais choix de partenaires, retard dans les travaux et donc dans l’exploitation, ce qui nous a fait perdre 6 à 12 mois de chiffre d’affaire…
Je connais même des français qui ont tout perdu dans cette aventure ! Ce qui est sûr c’est que tout le monde connaît quelques désagréments, c’est normal, un peu comme n’importe où dans le monde ! Heureusement, nous nous en sommes bien sortis ! Et nous avons aujourd’hui un vrai savoir-faire que nous aimerions partager et transmettre, on y reviendra !
Pour répondre plus précisément à ta question, nous avons eu la chance de pouvoir nous financer en fond propre. C’est vrai que pour ce genre de projet, un prêt est délicat : les banques marocaines ne prêtent pas ou à taux beaucoup trop fort, et les banques françaises rechignent à prêter pour investir au Maroc.
Après, cela représente une grosse somme, mais quand on a un peu d’argent, il faut se poser la question de ce qu’on veut faire de ses capitaux: on achète de l’or ? Des actions ? Un petit appartement parisien pour vivre tranquille dans le rythme métro/boulot/dodo?
Ou bien on décide de prendre un peu de risques pour vivre une autre vie !
C’est ce que nous avons fait !
Rappelons quand même, pour ne pas faire trop peur, qu'un projet d'exploitation d'un riad à Marrakech peut s'envisager à partir de 200 ou 250 k€, ce n'est pas pire que reprendre un bureau de tabac ou un resto !
Quant à l’organisation, comme au début cela devait être une simple maison secondaire, on faisait ça sur notre temps libre, pendant le week-end et les vacances. Cela nous a pris plusieurs années !
Au moment de vraiment basculer, ma femme a négocié un licenciement dans un contexte professionnel devenu très compliqué. Pour ma part, j’ai présenté mon projet à ma hiérarchie. Ils ont été très constructifs et m’ont autorisé à travailler plus souvent à distance, ce qui me conférait une certaine souplesse. Et puis toujours les week-ends, vacances et RTT. Quand tout était prêt, j’ai posé ma démission et nous nous sommes installés pour de bon.
Le Maroc: idéal pour un projet de maison d'hôte !
Charly : Je pense qu’il vous a fallu beaucoup de force et de courage pour quitter cette zone de confort, beaucoup n’y arrivent pas ! Alors dis-moi, pourquoi le Maroc ?
David: Déjà, je connaissais bien les lieux. Ensuite, quand on se lance dans ce genre de projet et qu’on veut que cela soit viable et durable, que l’idée n’est pas de larguer les amarres et de partir au bout du monde, il y a une équation simple à résoudre :
Potentiel touristique à l’étranger + pas trop loin de la France + soleil toute l’année + accessible financièrement dans la construction et l’exploitation (coût du travail) + stabilité politique + culture proche = ?
À mes yeux il n’y a qu’une seule réponse qui concilie tout ça : Marrakech !
Et comme il n’y a qu’une réponse, le choix est vite fait :-)
Enfin, si on est bien conseillé (et aujourd’hui nous pouvons fournir ces conseils), c’est bien plus simple et rentable d’ouvrir une maison d’hôte à Marrakech que dans la campagne du Limousin ou qu’en Corse !
Et puis certes, on a changé de pays et de culture, mais cela reste très proche. On n’est pas des énormes aventuriers, on voulait garder nos repères : ici je commande des sushis à livrer et je suis à 3 heures et moins de 100 Euros de Paris !
Syndrôme de la maison d'hôte: mythe ou réalité ?
Charly : Effectivement, cela semble logique et motivant ! Quelle est ta vie concrètement aujourd’hui ? Quel est ton quotidien ?
David : Et bien on a une vie assez géniale ! On a gardé un cercle d’ami à Paris assez important, mais avec les réseaux sociaux et internet, on n’est jamais coupés du monde. On ne se sent pas du tout éloignés.
Ensuite, je dois avouer que l’on vit dans un environnement naturel hallucinant ! La journée de travail est assez classique : derrière l’ordinateur car finalement on fait un boulot de commercial ! Nous nous occupons des clients quand ils sont là mais globalement ils veulent être tranquilles.
Finalement, c’est le même travail qu’avant, quand j’étais dans l’événementiel, sauf que je fais ça depuis chez moi, qu’il fait beau toute l’année, que c’est nous qui donnons les orientations, que notre environnement de vie et de travail est magnifique, et qu’après une bonne journée de travail, nous apprécions tous les soirs de boire un verre et de discuter autour de notre piscine, avec vue sur l’Atlas et le désert d’Agafay !
En plus, il y a effectivement toute l’intendance, nous apprenons plein de nouveaux métiers dont le jardinage: faire vivre un hectare sous un climat comme celui-là demande de l’apprentissage et du travail !
Charly : c’est vrai que ça à l’air magique ! On parle beaucoup en ce moment du fameux « syndrome de la chambre d’hôtes » : des gens qui veulent tout plaquer pour vivre une vie plus équilibrée, en relation avec la nature et les gens, à leur rythme, et qui au final sont déçus car ils passent leur temps à faire le ménage, la cuisine et à s’occuper de clients mécontents ou méprisants. Qu’en penses-tu ?
David : Nous n’avons pas vécu ce syndrome pour plusieurs raisons : déjà, nous avions un très bon business plan, très carré, qui nous a évité les mauvaises surprises comme le taux d’occupation à prévoir pour être rentable. Ensuite, nous avions déjà conscience de l’ingratitude des tâches du métier. Mais après la journée de boulot, la vie n’est pas la même ! Enfin, nous évitons pas mal ces désagréments car nous avons trois employés marocains que nous n’aurions pu payer en France. Nous avons donc une femme de ménage, une cuisinière et un jardinier. Au final, cela nous facilite pas mal la vie !
Dernier point, nous nous sommes aussi facilités le job en refusant de faire de l’hôtellerie et en ne gérant que des groupes. Venant de l’événementiel : je connaissais bien le métier, et ma femme aussi: nous ne nous attendions donc pas à autre chose! On connaissait la réalité.
On savait que l’on ne serait jamais en vacances tout en l’étant toujours un peu !
Mais effectivement, je dois avouer que monter une maison d’hôtes, c’est accessible. Il n’y a pas besoin de formation, il faut surtout beaucoup de bon sens, et pourtant, c’est difficile de bien le faire. Il faut se poser les bonnes questions, faire des projections financières, demander les réalités du secteur (taux d’occupation moyen pour une région, etc…), savoir gérer des clients et des prestataires…
Le modèle économique des maisons d’hôtes est souvent assez fragile, il faut être vigilant à ça et avoir une vraie approche entrepreneuriale. Le fait de gérer des gens n’est pas si simple non plus: il faut comprendre leurs attentes.
C’est vrai que du coup, quand on ne connait pas, ce syndrome peut être une réalité, même si on n'observe que très rarement des gens qui sont complètement à côté de la plaque, pas une fois que le projet est lancé en tout cas.
Une maison d'hôtes à Marrakech: un projet pas toujours facile !
Charly : ok, tout ceci est rassurant. Mais il me semble que les choses n’ont pas été si simple quand même…
David : Non, c’est clair ! Et si c’était à refaire, nous le referions, mais en mieux, en évitant de nombreuses erreurs ! En France, on a en général un problème toutes les 5h qui peut être résolu dans les 3j.
Au Maroc, c’est un problème toutes les heures qui doit être résolu dans l’heure.
Heureusement, au Maroc, même le pire des problèmes, on peut toujours trouver des moyens simples de le résoudre. Je pense à pleins d’anecdotes : un notaire véreux qui est parti avec le premier dépôt, des entrepreneurs qui décident qu’ils n’ont plus envie de venir travailler, l’adaptation au milieu désertique ou comment combattre les insectes locaux avec les petits insecticides français, les problèmes dans les administrations (27 guichets à faire pour une simple autorisation), des concurrents qui posaient des commentaires négatifs sur Tripadvisor alors qu’il n’y avait pas encore de murs sur notre terrain… j’ai même un ami qui s’est rendu compte après coup que son entrepreneur avait posé les toilettes et la fosse septique mais pas les conduits entre les deux…
Heureusement, au Maroc, il y a toujours quelqu’un pour faire tout. Il suffit d’être bien entouré et d’avoir les bons contacts, car il y aura toujours des escrocs.
Mais finalement, pas beaucoup plus au Maroc qu’ailleurs ! Ici, on se sent juste plus vite perdu car nous sommes à l’étranger, avec une méconnaissance des recours, etc…
Un stage pour apprendre à monter une maison d'hôtes à Marrakech !
Charly : justement, il me semble que tu as réfléchi à une offre pour former, informer, et aider les personnes qui voudraient se lancer dans la même aventure que toi, histoire d’éviter toutes ces déconvenues et donc de ne pas perdre comme toi près de 15% de ton investissement initial. Peux-tu nous en parler ?
David : Oui, l’idée est de proposer un stage d’une semaine chez nous dont l’objectif est d’aider les gens qui ont comme idée de monter une maison d’hôte à Marrakech. On les accueille par session dans notre magnifique villa et on propose des formations le matin, quartier-libre l’après-midi pour profiter du lieu et découvrir la ville et ses alentours.
L’idée, c’est de donner toutes les réponses pour réussir un tel projet : qui contacter, quelle est la vie au Maroc, comment travaille-t-on avec un rythme 24/24, que faire, dans quel ordre, comment ça se passe concrètement pour s’installer, comment faire avec des enfants (nous en avons un de 13 ans), les gardes, les écoles, les collèges, etc…
A la fin de cette semaine, les candidats pourront se dire : « finalement, le Maroc ce n’est pas pour moi », ou « ok voilà ce que je veux investir, est-ce que c’est possible ? » ou « je vais plutôt tenter la gérance d’un riad plutôt que de devenir propriétaire » ou « je vais acheter un truc existant et le rénover » etc… Nous allons aider à personnaliser le projet de chacun!
Nous avons toujours besoin de conseils de personnes qui ont fait la même chose. Nous proposons donc de mettre en relation les participants durant ce stage avec le bon notaire, le bon avocat, le bon agent immobilier, le bon agent principal des travaux (beaucoup de sociétés mettent la clé sous la porte et laissent le chantier en plan), le bon expert-comptable… toutes ces personnes sont nos partenaires et interviennent dans les formations associées à ce stage.
Nous aborderons également pas mal d’aspects pratiques : le bon format de puits à prévoir, la législation locale qui évolue en continu, les différents baux de propriétés…
Nous allons vraiment projeter les participants dans leur éventuelle future vie.
Finalement, c’est un stage « changer de vie à Marrakech » chez des gens qui ont le même esprit et qui ont vécu la même chose, tout en prenant du bon temps, c’est important !
En gros, vous passez une bonne semaine de vacances et vous apprenez tout un tas d’astuces pour réussir votre projet de maison d'hôtes , ce qui vous permettra de vous faire économiser peut-être 10 à 15% de votre budget initial et gagner facilement un an dans la mise en place du projet.
L’idéal étant que les participants soient déjà relativement mûrs sur leur projet, nous leur conseillons également de réaliser un coaching Projet sur le sujet en amont et en parallèle de la formation, d'où notre intérêt pour Cap Cohérence !
Se lancer dans un projet de maison d'hôtes est une expérience formidable !
Charly : Pour conclure, que souhaiterais-tu dire à ceux qui hésitent à se lancer ?
David : Quand je rentre à Paris et que je vois les gars qui rament dans un tout petit appartement et qui me disent qu’ils sont malheureux, je n’ai qu’une envie, c’est de leur dire : « Avez-vous pensé à changer de vie radicalement, à imaginer autre chose ? Parfois, il n’est pas nécessaire d’avoir des millions pour y arriver ». Même si c’est toujours facile de le dire et que changer de vie reste un luxe, nous en avons conscience et ne donnons surtout pas de leçons aux autres.
De notre côté, l’expérience a été formidable et très enrichissante d’un point de vue culturel et humain. Nous ne sommes sûrs de rien pour la suite, sauf d’une seule chose : si nous ne l’avions pas fait, nous l’aurions regretté toute notre vie. Nous n’avions pas envie de nous réveiller à 50 ans et de nous dire : « mince, on aurait quand même pu tenter autre chose ». Il faut toujours essayer de se projeter : quels sont les regrets que l’on pourrait avoir plus tard ?
Surtout que, finalement, quitte à ouvrir une maison d’hôtes, autant le faire au Maroc : tu seras moins embêté, ça coûtera moins cher, si ça rate tu perdras moins, et si ça marche, tu vis vraiment bien !
Pour en savoir plus sur le programme de formation de David, vous pouvez le contacter via son site: https://www.riad-taj-omayma.com/fr/
Et si vous avez besoin d'affiner votre projet en amont, vous savez où trouver des coaches compétents !
Charly