Ma voie professionnelle est assurée. Et pourtant, un jour, je décide de me reconvertir... Témoignage
UNE CARRIÈRE PROFESSIONNELLE TOUTE TRACÉE
Fraîchement diplômée d'une grande école, j'intègre le service marketing d'un groupe industriel. L'ambiance est bonne, l'équipe a de super résultats. Nous bossons énormément, normal à ce niveau de responsabilités. Et, nous changeons de directeur de département. Il est charismatique, nous tient des discours de confiance mutuelle, et exige encore plus de nous, de moi en particulier. Je travaille tout le temps, le soir, le weekend, pendant les vacances. Il est n'est jamais satisfait, trouve toujours quelque chose à redire. Je commence à douter, à me demander si je suis à la hauteur. En plus à la maison, le scénario se répète avec mon mari. J'ai beau essayer de répondre à ses attentes, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. J'ai toujours l'impression de ne pas être assez bien. Je commence à douter de moi, de ma valeur. Plus je veux leur faire plaisir, répondre à leurs exigences, moins j'y parviens. Entre temps, j'ai eu deux enfants et je sens que je perds pied, mais je m'accroche. Je n'ai pas le droit de m'arrêter. J'ai un super poste, je dois assumer...
Jusqu'au jour où, par chance, l'entreprise met en place un plan de départs volontaires. Je m'inscris. Je veux changer de vie professionnelle. Mon entreprise m'offre un bilan de compétences à Lyon où j'habite.
JE VEUX DU TEMPS POUR MOI
C'est décidé, je veux être enseignante. J'aime transmettre, avoir du temps pour mes enfants, pour moi. Mon mari ne croit pas en mes capacités à réussir les concours. Alors, je me jure d'y arriver... et réussis. Je décroche un poste dans un lycée sympa, avec des étudiants et une équipe sympas. Comme je veux être reconnue pour mon professionnalisme, je m'investis. Puis, mes collègues partent à la retraite. Mes nouveaux collègues n'ont pas les mêmes exigences professionnelles que moi. Ils se déchargent sur moi "parce que j'ai l' expérience". Je m'engage alors encore plus, pour maintenir les résultats et l'attractivité de la section ; je travaille pour eux et me sur-investis Le proviseur n'a d' exigences qu'avec moi parce que je suis "compétente". A nouveau, je me sens dépassée par la somme de tâches et de responsabilités exigées de moi. Et pourtant, je n'arrive pas à dire non. Jusqu'au moment où j'entends parler d'échanges d'enseignants avec l'étranger. Je me dis "c'est pour moi, c'est ma chance".
LE BONHEUR, MOI AUSSI J'Y AI DROIT
Mes enfants ont grandi et sont étudiants. J'ai vraiment l'opportunité de recommencer une nouvelle vie professionnelle. Ma candidature est retenue, je pars à mille kilomètres. Je suis affectée dans un lycée international sans réelle mission, donc dépendante du bon vouloir de la direction. Pendant les vacances, juste avant de partir, je rencontre une coach, "par hasard". Je lui explique que, en fait, j'ai toujours été attirée par l'écriture et la photographie, mais que ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas le faire, je n'avais pas les compétences. Elle me pose des questions, nous discutons et je réalise ce qui m'est arrivé. Je prends conscience de ma frustration, de l'origine des cercles vicieux qui s'imposent à moi. Je comprends que, si je ne change pas, la situation se répétera, inexorablement. Aussi, lorsque le directeur de l'institut étranger veut m'imposer des missions qui d'emblée, me semblent infaisables, j'appelle la coach. Je décide d'être accompagné par des séances de coaching et, enfin, prendre ma vie en mains. Je veux apprendre à dire non, à me faire respecter, je veux me faire plaisir. Et ça marche, dès les premières séances. Moi qui ai toujours vécu en fonction des autres, de leurs attentes, de peur de leur déplaire, j'ai osé négocié mes missions, j'ai osé dire non à ma fille. Encouragée par ces premières victoires, je continue le travail avec la coach. J'envisage de suivre un stage de photojournalisme.
Je découvre que "le bonheur, moi aussi j'y ai droit".
Véronique Martin