Près de 70 % des personnes seraient concernées par le syndrome de l’imposteur, au moins une fois dans sa vie. Mais qu’est-ce que c’est au juste, comment se manifeste-t-il et comment en sortir ?

Au-delà de la théorie, je vous partage dans cet article des situations réelles, ainsi qu’une lecture plus personnelle pour mieux comprendre et gérer ce « syndrome de l’imposteur »...

Origine et définition du syndrome de l’imposteur

C’est en 1978 que les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes ont parlé d’imposture. Initialement, elles n’utilisaient pas le terme de syndrome, mais plutôt de phénomène de l’imposteur. Pour plus de précision, je vous invite à lire l’article original.

Littéralement, le phénomène de l’imposteur se décrivait comme la croyance, principalement pour les femmes et malgré leur niveau d’études remarquable, qu’elles n’étaient pas aussi brillantes que ce qu’on pouvait leur renvoyer, et qu’elles avaient dupé ceux qui les croyaient brillantes (d’où le sentiment d’imposture).

Aujourd’hui, ce phénomène s’applique aux deux genres et on parle de « syndrome », sans doute parce que ceux qui en « souffrent », l’associent à une maladie, un trouble, ou une pathologie. Une définition plus actuelle, que l’on peut lire sur Wikipédia, serait : « [...] une forme de doute maladif qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel. [...] Elles (ces personnes) se perçoivent souvent comme des dupeurs-nés qui abusent leurs collègues, leurs amis, leurs supérieurs et s'attendent à être démasquées d'un jour à l'autre. »

Les signes observables du syndrome de l’imposteur

Il est difficile de se rendre compte soi-même que l’on vit le syndrome de l’imposteur. Pourtant, en lisant des articles, des livres ou en en discutant avec des proches, on peut se sentir concerné.

Tout d’abord, on peut croire que sa réussite est dû à la chance, comme le fait de rencontrer la bonne personne au bon moment. On peut aussi penser que les personnes qui nous évaluent se trompent en notre faveur, comme si on ne méritait pas ce qui nous arrive. Certains invoquent d’autres raisons, lors d’une promotion par exemple, comme s’il y avait des quotas à leur avantage (être une femme, être jeune, appartenir à une minorité ethnique, etc.) sans penser que les raisons du choix pourraient reposer sur leurs compétences et leur valeur personnelle.

Les réactions consistent souvent à minimiser les succès. Prenons l’exemple d’un ami qui a passé le test WAIS évaluant le QI (Quotient Intellectuel) et qui a obtenu un score très élevé. Sa réaction fut : « C’est ça un test de QI ? Les questions sont vraiment très faciles. Tout le monde devrait avoir un bon score ». Selon ses dires, ce n’est pas lui qui a des capacités, mais le test qui est trop simple…

Malheureusement, les effets psychologiques du syndrome de l’imposteur peuvent être assez profonds : troubles anxieux généralisés, dépression, manque de confiance en soi, culpabilité, etc. Une dévalorisation de soi et la peur constante d’être démasqué n’aident pas à trouver un équilibre psychologique stable.

Vous trouverez sur de nombreux sites web, des tests pour évaluer si vous êtes peu ou très concerné par le syndrome de l’imposteur.

Les causes possibles du syndrome de l’imposteur

Chaque être humain pense que les autres humains fonctionnent plus ou moins comme lui, jusqu’à ce qu’il prenne conscience de ses propres spécificités. Pour certains sujets, la prise de conscience arrive pendant l’enfance, pour d’autres il faut attendre l’âge adulte. On perçoit donc la « norme » étant un peu comme nous. Difficile alors de penser que l’on a des capacités « exceptionnelles ». Ceci est d’autant plus vrai que l’on est intelligent, puisque l’on a une plus grande conscience de nos lacunes, et souvent tendance au perfectionnisme.

L’inverse (les moins qualifiés dans un domaine qui surestiment leur compétence) s’appelle l’effet Dunning-Kruger, cf. le schéma ci-contre. Ajoutons à cela une valeur judéo-chrétiennes : l’humilité, c’est « bien » ! Et vous obtenez un savoureux cocktail qui vous donne l’illusion d’être moins compétent que vous ne l’êtes réellement...

Les mécanismes qui entretiennent le syndrome de l’imposteur sont multiples. Une personne qui a peur d’être démasquée va travailler dur pour « masquer » son incompétence. Les succès seront donc attribués à la quantité de travail phénoménale qui aura été fourni, ce qui renforce la croyance que cette personne ne pouvait pas y arriver facilement (sans sur-travailler).

Parfois, l’inconscient poussent les personnes dans un mécanisme d’auto-sabotage pour renforcer leur croyance qu’elles ne sont pas pas si brillantes que cela, comme s’il fallait se prouver à soi-même qu’on avait raison.

Un autre mécanisme consiste à utiliser d’autres moyens que l’intelligence pour arriver à ses fins : la séduction, l’humour, ou toute autre qualité relationnelle. Là encore, le succès pourra être attribué à cette voie détournée, ce qui renforcera la croyance d’une intelligence moyenne.

Quelques exemples concrets du syndrome de l’imposteur

Lorsque j’ai intégré l’École polytechnique, je me suis juste dit que j’avais des facilités en math et bien travaillé en prépa, et c’est tout… Avec le recul, j’ai pris conscience que j’avais de grandes facultés de mémoire, compréhension et synthèse. Je ne me rendais pas compte des efforts que fournissaient de nombreux élèves, autour de moi au collège. Pour moi, il suffisait d’écouter le prof pour répondre aux contrôles quelques semaines plus tard.

Quel que soit le niveau d’étude, le syndrome de l’imposteur peut être présent. Une amie assistante juridique, corrige les erreurs que commettent parfois les avocats qui l’entourent, alors qu’elle n’a ni le diplôme, ni le statut, ni le salaire. Plus ces profils (assistants ou stagiaire) fréquentent les « hautes sphères », plus le syndrome de l’imposteur peut être grand. C’est logique puisqu’elles se comparent à des pointures dans leur domaine. Dans chaque domaine, on peut trouver meilleur que soi (une personne différente par domaine). Mais peut-on trouver facilement une même personne qui a notre niveau de connaissance dans tous nos domaines ? J’ai reçu un message récemment « je suis curieux de tout, mais bon en rien »… Un bon « multi-potentiel », comme on les appelle.

Et pour finir, une salariée d’une PME qui prend les fonctions de Dirigeante, parce qu’il faut bien faire le boulot. Officiellement, le patron est un homme plutôt introverti et qui n’occupe pas vraiment son rôle. Officieusement, tous les salariés (ainsi que le patron officiel) considèrent que c’est elle qui dirige. Elle ne perçoit pas encore ses nombreuses qualités remarquables, dans de multiples domaines...

Comment avancer pour aller mieux ?

Nous l’avons vu, ce syndrome de l’imposteur est très lié à un manque de confiance en soi. La solution clef est donc de nourrir sa confiance en soi. Parfois, le temps suffit et les expériences positives qui se répètent renforcent l’image que l’on a de soi.

Dans d’autres cas, comme ce sont nos proches qui nous aident : famille, amis ou collègues. Une astuce très concrète pour nourrir sa confiance en soi est de leur demander des signes de reconnaissance positifs. « En toute honnêteté, qu’est-ce que tu apprécies le plus chez moi ? » La question est volontairement ouverte pour obtenir des réponses sur tous les plans : ta fiabilité, ton humour, ta douceur, ta générosité, ta force de travail, ton empathie, ta pertinence, etc. Pas besoin de répondre, et surtout pas pour minimiser. (« Oui, mais dans ce cas précis, c’est parce que j’ai eu de la chance »). Un simple « Merci. » est une excellente réponse !

Autre conseil pratique : objectivez vos réussites. Vous pouvez dresser la liste de vos réalisations. Pour certains, voir ses succès s’accumuler sur une liste pour nourrir sa fierté personnelle. Pour d’autres ça n’a aucun effet, mais ça ne coûte rien d’essayer ! ;-)

L’aide d’un professionnel (coach ou psy, par exemple) peut aussi se révéler très utile pour avoir un avis extérieur, bienveillant et éclairé, voire un effet miroir. Ces professionnels sont là pour vous aider à avancer durablement, et non pour vous flatter comme pourrait le faire un ami. Lors de mes coachings, j’ai des clients à haut potentiel (zèbres, surdoués) qui ont peur de leur puissance, de lâcher les chevaux ! Alors, ils s’auto-brident et inconsciemment, renforcent leur croyance de ne pas être si compétents que ça…

Apprendre à se connaître, découvrir se propres forces, en toute objectivité, puis s’assumer ! Voilà un chemin qui contribue au bonheur.

Peu importe l’accompagnement que vous choisirez, tant que vous sentez que vous avancez, et que ce « syndrome de l’imposteur » s’estompe. Oui, vous avez le droit d’être bon, et même dans plusieurs domaines !

Conclusion

Le syndrome de l’imposteur concerne finalement une large majorité de personnes et ce n’est pas une fatalité ! L’avez-vous déjà ressenti ? Comment le vivez-vous ? Vos partages d’expériences en commentaires pourront aider d’autres lecteurs.

Si besoin, vous pouvez me contacter (lien ci-contre) pour en discuter ou pour un petit coup de pouce, avec une ou deux séances de coaching.

Loïc